Un lien entre Réforme et modernité? Prouvez-le!
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Münster (EPD/Protestinter) – L’historien Matthias Pohlig de Münster en Rhénanie-du-Nord–Westphalie a mis en doute le lien étroit fait entre la Réforme il y a 500 ans et les développements de la société modernes tels que l’état constitutionnel, la liberté religieuse ou la sécularisation. Ces éléments n’ont pas pu être prouvés comme des effets directs de la Réforme, écrit le chercheur dans un nouveau livre, annoncé la semaine passée par le groupe «Religion et politique» de l’Université de Münster. Plus l’intervalle de temps entre les événements et les phénomènes pour la Réforme est grand, moins une connexion scientifiquement directe peut être établie.
Le lien entre la Réforme et les aspects positifs et négatifs de la modernité, qui est régulièrement répété en particulier en cette année de jubilé, est «très problématique», a déclaré Matthias Pohlig. Peut-être que la Réforme a été le début d’une séparation entre politique et religion, mais avant de dire que cela a amené l’Allemagne sur la voie de la tolérance, de la laïcisation et de l’Etat constitutionnel moderne, il faudrait en discuter de manière critique, explique l’auteur.
Les Lumières n’ont pas attendu LutherLes Lumières, le capitalisme ou l’individu moderne n’auraient pas attendu Luther et les réformateurs, écrit Matthias Pohlig. Une grande partie de ce qui est associé aujourd’hui au protestantisme contredit «tout à fait ce pour quoi la Réforme s’est battue, historiquement.» Malgré cela, des représentants des milieux politiques et religieux décrivent la Réforme comme pierre angulaire de l’histoire de la liberté en Europe et comme élément créateur de nombreuses réalisations modernes, a expliqué le groupe «Religion et politique».
Selon Matthias Pohlig, certains effets historiques plus récents de la Réforme peuvent, par contre, être prouvés. Sans la Réforme, les événements du XVIe siècle seraient impensables, comme la division des Eglises, la guerre des paysans ou «l’émergence d’un ordre de paix religieux compliqué dans le Saint Empire romain germanique». La traduction de Luther de la Bible devrait également être considérée comme «le texte de base d’une langue uniformisée et littéraire allemande». De plus, selon l’historien, sans la Réforme, l’impression par caractères mobiles ne serait pas devenue un média de masse.