Après deux noyades en Tanzanie, les baptêmes dans les rivières sont remis en question
Photo: Un baptême dans une rivière en Afrique du Sud RNS/Larry Hills/Mennonite Church USA
(RNS/Protestinter)
C’est un rite qui date de l'époque de Jésus, lui-même baptisé dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Mais les chrétiens en Afrique de l'Est s’interrogent actuellement sur les baptêmes dans les rivières, après qu'un tel rituel a tourné au désastre dans le nord de la Tanzanie. Deux agriculteurs chrétiens, âgés de 30 à 47 ans, sont morts noyés alors que leurs pasteurs tentaient de les baptiser dans le courant rapide de la rivière Ungwasi dans le district de Rombo, à la mi-juillet. Le rituel a été organisé par l'Eglise Shalom, un groupe charismatique du pays.
«Après l’accident, nous avons convenu de certaines mesures qui assureront la sécurité de nos adeptes pendant les baptêmes dans les rivières», a expliqué Samuel Kamigwa, un pasteur au Victory Christian Center, une église pentecôtiste en Tanzanie. Il a ajouté que les églises envisageaient d'augmenter le nombre de ministres lors de ce genre d’événement. Désormais, une seule personne sera baptisée à la fois et les ministres choisiront un moment où l’eau est suffisamment calme pour le rituel. «En tant qu'Eglises, nous devons faire attention. Le baptême est l'un des principaux rites de notre foi et il doit continuer», a souligné Samuel Kamigwa.
La noyade pendant le baptême n'est pas rare en Afrique, et la police tanzanienne a arrêté un pasteur en lien avec la mort des deux hommes. Selon les informations locales, le commandant de la police régionale du Kilimandjaro, Hamis Selemani, a mis en garde contre l'utilisation des rivières pour de telles activités, à moins que la sécurité ne soit confirmée.
Une pratique répandueEn Afrique, le baptême dans les rivières est populaire, en particulier parmi les églises pentecôtistes et charismatiques. L'immersion est considérée comme un moyen de nettoyer les péchés et de renaître dans une nouvelle vie. L'affusion, où l'eau est versée sur la tête, et l'aspersion, où quelques gouttes d’eau sont déposées sur la tête sont plus fréquentes dans les églises historiques.
Le révérend Wilybard Lagho, vicaire général de l'archidiocèse catholique de Mombasa au Kenya, a déclaré que les pasteurs devaient être prudents: «S'ils choisissent la rivière, ils doivent faire un examen minutieux des lieux pour éviter de mettre en danger des vies». L'année dernière, six enfants sont morts dans la province orientale du Mashonaland au Zimbabwe lors d'un baptême matinal dans un ruisseau par une prêtresse autoproclamée. Et en janvier 2015, deux pasteurs particulièrement âgés de l’Elise pentecôtiste se sont noyés dans la rivière Mutshedzi dans la province de Limpopo, en Afrique du Sud, où ils baptisaient quatre jeunes membres de l'église.