Fête des Vignerons: où est l’urgence climatique ? (1/5)

Fête des Vignerons, éblouissements / ©Michel Kocher
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Fête des Vignerons, éblouissements
©Michel Kocher

Fête des Vignerons: où est l’urgence climatique ? (1/5)

Par Michel Kocher
6 août 2019

La Fête des Vignerons, dans une édition 2019 éblouissante, bat son plein pour quelques jours encore. Un peu plus haut, dans l’alpage de Taveyanne, la Mi-été vient de marquer les 150 ans de la chanson de Juste Olivier, dans le cadre enchanteur de cette réserve naturelle. Il y a une année, la Fête du Blé et du Pain offrait à Echallens une prestation populaire de belle facture. Bien que différents par leurs genèses et leurs moyens, ces trois événements en Pays de Vaud, dans lesquels des cultes relayés sur RTSreligion[1] se sont inscrits, sont reliés par un fil rouge : les liens de l’homme avec la nature.

           Des éblouissements pour célébrer les liens de l'homme avec la nature

 

Ces liens sont complexes et plus en crise qu'il n'y paraît sur les estrades et sous les projecteurs. Car ces fêtes, aussi réussies soient-elles, et peut-être d'autant plus qu'elles sont d’incontestables réussites, expriment et traduisent la force de l'alliance avec la nature ... autant qu'elles masquent l’urgence de son renouvellement. Cette force s’appuie sur tous les "acteurs" de la fête, bien présents. D'abord la nature, ses dons et ses processus, du raisin au blé. Ensuite les ouvriers de la nature, leurs défis et leurs produits, du vin au pain. Enfin la symbolique des liens humain-nature, dans une poésie de la terre, qu'elle soit rapportée à la transcendance à Taveyanne ou se déploie dans l'agnosticisme contemporain à Vevey. Tous ces éléments, irremplaçables, sont donc bien présents... raison pour laquelle ces fêtes célèbrent effectivement la nature.        

           L'alliance avec la nature en attente d'un renouvellement

 

Pour autant elles ne renouvellent pas l'alliance avec la nature. Par exemple, elles peinent à prendre la mesure des urgences écologiques, à une échelle transversale et plus large que le bout de la lorgnette culturelle, économique et régionale dont elles sont inévitablement l'expression. Même avec 20 ans pour se préparer, des moyens colossaux et de grands créateurs… la fête des Vignerons n'est pas en mesure d'intégrer l'angoisse collective devant les menaces du réchauffement climatique. On en ressort éblouis, mais pas vraiment invité à chercher des priorités politiques établissant les éléments du contrat à renouveler avec la nature. Mais d’autres le font, en même temps, comme les 450 jeunes grévistes du climat de SMILE (Summer Meeting in Lausanne), en provenance de 37 pays, réunis dans la capitale vaudoise avec la jeune Greta Thunberg.

           Le Premier Testament, témoin de plusieurs renouvellements d'alliance

 

La volonté de changement des uns, l’enthousiasme festif des autres ne s’opposent évidemment pas. Le renouvellement de l’alliance avec la nature passe par une contemplation nouvelle de la Terre/Création et une perception mise à jour des enjeux qu’une habitation respectueuse demande. Autrement dit il y a quelque chose à (re)nouer tous ensemble. Ce faisant nous sommes proches de ce long travail de réflexion dont témoigne le Premier Testament quand il raconte, de Noé à Israël, en passant par Abraham, quatre alliances et autant de ligatures pour cheminer et s’adapter. Ces ligatures sont en (re)constitution, au cœur même de notre planète en réchauffement.

Essayons de les identifier (billets à suivre, accessibles sur la colonne de droite, 2/5; 3/5; 4/5; 5/5).

[1] La Tour-de-Peilz, 16.6.19 ; Taveyanne, 4.8.19 ; Echallens, 26.8.18