Le Prix Farel veut déchiffrer l’actualité

Camille Andres, directrice du Prix Farel / Max Idje
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Camille Andres, directrice du Prix Farel
Max Idje

Le Prix Farel veut déchiffrer l’actualité

Dédié aux questions religieuses, éthiques et spirituelles, le festival international de films revient à Neuchâtel du 15 au 17 novembre pour une édition revisitée à l’aune d’Internet.

Entièrement gratuit, le Prix Farel propose de découvrir une sélection des meilleures productions audiovisuelles en lien avec les questions religieuses, éthiques et spirituelles du moment. Cette nouvelle édition, qui aura lieu au Cinéma Rex de Neuchâtel du 15 au 17 novembre, sera consacrée au registre du documentaire en raison d’un manque de candidatures dans la catégorie fictions. Un état de fait qui correspond pleinement aux ambitions de sa nouvelle directrice, la journaliste Camille Andres, qui veut en faire un lieu de réflexion avec notamment l’organisation de tables rondes pour mieux décrypter les enjeux contemporains, entre guerres, écologie et dérives religieuses. Interview.

Vous reprenez la direction du Prix Farel après trois années d’absence. Quel a été pour vous le principal défi?

Il était sans conteste financier. Il a fallu trouver des partenaires pour combler le budget. Avec la fin de l’émission «Faut pas croire » (financée conjointement par la RTS et les Eglises catholique et réfomées romandes, ndlr.), une partie de celui-ci n’était en effet plus prise en charge. Comme nous souhaitions également toucher un nouveau public, à savoir des spectateurs plus jeunes, il fallait également trouver de quoi financer la réalisation de notre communication sur les réseaux sociaux.
Pour rajeunir son public, le festival s’est également ouvert aux explainers. Que penser de ces nouveaux formats: leur brièveté ne pose-t-elle pas la question de la simplification?

Ces nouveaux formats, nés sur YouTube, posent beaucoup de questions. C’est pour cela que nous proposons des discussions pour accompagner ces projections. Nous ne sommes pas dans un positionnement pour ou contre les explainers, mais il nous faut bien constater l’émergence de ces nouveaux formats, qui se sont emparés de tous les domaines: l’histoire, la religion, la science, etc. Face à leur succès, même les médias mainstream comme la RTS s’y sont mis. Il nous semble donc intéressant d’interroger le fait qu’aujourd’hui les gens adhèrent davantage à ce genre de productions qu’à des formats plus traditionnels, comme le documentaire long ou les émissions d’information. L’idée n’est cependant pas d’opposer journaliste et youtubeur, mais d’interroger ce nouveau format.

Les explainers semblent cependant permettre une forme de démocratisation de la production de contenus. Cela s’est-il vérifié dans les candidatures reçues?

En matière d’explainers, les profils sont très divers. Ils sont réalisés tant par des médias mainstream que des indépendants, des historiens, des chercheurs ou encore des influenceurs. La table ronde «Qui peut-on croire sur Internet?», prévue le samedi après-midi, se veut précisément un espace d'échange et de discussion pour essayer de réfléchir ensemble à la manière dont on produit, mais également consomme l'information.

Le décryptage est donc un des enjeux de cette édition?

En tant que journaliste, je suis forcément très attentive à ces questions. Et je crois aussi qu’il y a de l’ADN protestant dans ce désir de se questionner. A l’heure où l’on est envahi d’images de toutes sortes, je crois qu’il est nécessaire de prendre du recul sur ce qu’on avale en matière d’information. On l'a fait avec l’alimentation, il est temps de le faire pour l'information.