RTSreligion et le Prix Farel, à la conquête des jeunes
Comment répondre avec clarté aux thèmes complexes tels que «le sexe avant le mariage» ou encore «la masturbation»? Ces titres tirés de la première série Le plaisir, toujours coupable?, à voir sur la chaîne YouTube de la RTS depuis l’automne dernier, ont été réalisés par la rédaction de RTSreligion dans la pure tradition des explainers, des vidéos explicatives. Face caméra, décor violet vif, la journaliste Marie Destraz décrypte l’impact du religieux sur nos sexualités. On est là pour apprendre! Le ton est croustillant, drôle, sérieux, et surtout se veut alléchant pour des adolescent·es. A fortiori, YouTube est le réseau social préféré des 13-17 ans. Ils y passent en moyenne six heures par semaine. Un format qui séduit donc les médias à l’affût d’un public jeune.
Pour aborder la sexualité par le prisme religieux sur le mode explainer, «il a fallu surprendre le spectateur, être attentif au rythme, titiller le public et angler son propos, et le tout entre huit et dix minutes», explique Marie Destraz. Un défi qui apparemment a porté ses fruits puisque la nouvelle formule a récolté entre 3000 et 8000 vues par épisode. Un bon score, même si l’on est encore loin de celui d’un Squeezie, n°1 sur YouTube en France. Sa chaîne cumule plus de 10 milliards de vues et comptabilise 18,7 millions d’abonné·es. Squeezie est de cette nouvelle génération de youtubeurs qui incarne le divertissement en ligne inspiré de la… télévision de papa-maman.
Vulgarisation et recherche
YouTube s’est arrogé la part du lion, en devenant le deuxième site web le plus visité au monde. Par la force des choses, il souffle la tendance. 2013 a marqué le début de la vague de vulgarisation des savoirs. Professionnels de la vidéo et amateurs de culture – ou inversement – se sont lancés dans la création de vidéos explicatives et ludiques. Plusieurs créateurs de contenus, parmi les plus suivis Hugo-Décrypte (2,5 millions d’abonné·es), Nota Bene (2,4 millions), Cyrus North (812'000 d’abonné·es), diffusent des connaissances longtemps dévolues aux scientifiques, intellectuels et journalistes. «Il faut distinguer les gens qui sont des vulgarisateurs, comme Cyrus North, de ceux qui réalisent des enquêtes et des recherches poussées sur un sujet», relève Camille Andres, journaliste et directrice du festival Prix Farel. «Sans compter que beaucoup d’auteur• trices explorent un sujet sans en faire des thèses. Ils glanent l’information avec plus ou moins de sérieux.»
Faute de recul, difficile donc de mesurer l’impact de ces vidéos explicatives sur l’apprentissage. Qu’à cela ne tienne, elles captivent. Le festival de films Prix Farel – concacré à la spiritualité, à l’éthique et aux religions, porté par les Eglises réformées et catholiques, et qui se tient du 15 au 17 novembre à Neuchâtel – élargit d’ailleurs sa compétition aux explainers cette année. Son comité souhaite par là s’ouvrir aux jeunes. «Tout comme les films et les documentaires, les explainers sont des biens culturels, certes à moindre coût et faciles à réaliser», note Camille Andres. A ce titre, le Prix Farel souhaite aller plus loin en interrogeant «l’impact» de ces nouvelles sources de savoir. Des tables rondes avec des experts, des journalistes, des youtubeurs, des académiciens et du personnel de la santé mentale sont à son agenda. Faut-il en conclure que les explainers sont l’avenir des Eglises en matière d’information? Dans l’immédiat, rien n’est moins sûr! «Disons plutôt un bon début pour attirer des publics qui ne seraient pas intéressés a priori par les thèmes religieux», précise Marie Destraz.
La nouvelle série RTSreligion, Enquête de sens, est disponible sur PlayRTS ou YouTube, avec le premier épisode: Les champis, ça fait voir Dieu?