Qui sont ces jeunes qui s'engagent pour leur Eglise?

Photo prise lors de l'édition 2022 / DR
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Photo prise lors de l'édition 2022
DR

Qui sont ces jeunes qui s'engagent pour leur Eglise?

1 novembre 2024
Pour sa deuxième édition le festival BREF réunira la jeunesse des Eglises réformées romandes à Morges, pour deux jours d’activités ludiques, de conférences, et de célébrations parfois originales.

Encore jeune, le festival de la jeunesse réformée est déjà un succès. Après une première édition neuchâteloise en 2022, qui a attiré plus de 500 visiteurs, Battements réformés (BREF), manifestation organisée par des jeunes issus des Eglises protestantes de Suisse romande, prendra ses quartiers à Morges les 1er et 2 novembre. L’occasion de découvrir un programme composé d’activités liées à la spiritualité ou aux questions éthiques, entièrement gratuit et destiné à un public de 14 à 30 ans.

Parmi les temps forts de cette édition, la pasteure genevoise Carolina Costa présentera son spectacle «Rendez-vous avec Dieu.e», un one woman show musical où cette ministre personnifie un Dieu féminin et maternel. Les Suisses alémaniques de Metalchurch seront également à Morges le temps d’un culte précédé d’un concert de hard rock. Leur credo? Adapter la liturgie réformée au style metal. Au programme encore, un atelier en forme de réunion secrète pour recréer l’ambiance vécue par des croyants persécutés à travers le monde, mais enclins à vivre collectivement leur foi malgré la menace extérieure.

Entre escape game sur l’urgence écologique, concert de gospel et matches d’impro, ces deux journées offriront l’opportunité de se rencontrer entre jeunes réformés ou non, croyants ou pas. Portraits de quatre jeunes Vaudois qui, parfois à contre-courant, ont décidé de donner de leur temps et de leur énergie à l’Eglise évangélique réformée du canton de vaud (EERV).  

Lyah Emery, Saint-Prex, 19 ans, étudiante en sciences sociales

La programmation du fesival BREF, c’est à elle qu’on la devra. En partie en tout cas. Et parmi les différentes activités qui seront proposées à Morges, Lyah Emery est heureuse d’être à l’origine de la venue de Virginia Markus, militante antispéciste connue pour ses actions coup-de-poing. «Je suis très heureuse de pouvoir l’accueillir. Elle nous invitera à changer de regard sur le monde animal. »Lyah Emery se dit admirative de son invitée, qui a notamment évolué dans son militantisme et créé un «sanctuaire pour ses quarante animaux», soit le siège de son association Co&xister, et cultive une vision du monde selon laquelle les animaux sont à considérer avec au moins autant de valeur que les êtres humains. Ayant découvert le milieu réformé dans son adolescence, notamment grâce à des camps de catéchisme, Lyah Emery confie vivre sa foi «au quotidien». Selon elle, «ce sont les petits gestes et l’attention qu’on porte aux autres» qui font d’elle une chrétienne. Elle a d’ailleurs à cœur de «s’inscrire dans une vie harmonieuse avec tous les autres,  croyants ou non, car chacun a le droit  de croire en ce qui l’inspire ». Également membre, au sein de l’EERV, du comité de l’Association des jeunes de la Région Morges-Aubonne (AJRM), Lyah Emery confie que son engagement ecclésial n’a pas toujours été simple à afficher, même si elle l’assume pleinement aujourd’hui. Son souhait pour l’Eglise? «De la simplicité, afin de pouvoir mettre du soin dans nos rapports humains ».

Manon Aeberhard, Chessel, 19 ans, étudiante en soins infirmiers

C’est avec DM, le département missionnaire des Eglises réformées romandes, que Manon Aeberhard a réalisé son plus grand engagement pour sa foi. Entre avril et juillet derniers, elle est partie à Kinshasa, en République démocratique du Congo. «Avant de rentrer en école d’infirmière, j’avais envie de vivre une expérience interculturelle», relate celle qui a participé à la vie d’une école congolais, entre cours de promotion de la santé, culte et colonie de vacances. «Ce qui m’a frappée là-bas, c’est la façon dont les gens vivent leur foi. De façon à la fois plus ancrée et plus quotidienne», observe-t-elle. Selon Manon Aeberhard, «Dieu était une façon d’entrer facilement en contact» pendant ce séjour, «puisque tout le monde était très chrétien». Depuis son retour, elle essaie malgré tout «de garder ce naturel à aller vers l’autre, même si la religion n’est pas le sujet de la conversation». Alertée par l’urgence écologique, sa foi s’articule avec son envie de «respecter la Création»: «Le fait de savoir que Dieu a permis toutes les beautés de la planète me donne envie de les protéger, ou en tout cas de me battre pour qu’on les considère avec davantage de respect.» Elle se dit inspirée par la figure de Jésus «dont le message nous incite à trouver une place pour tous dans la société» Manon Aeberhard milite pour un accueil au-delà des identités de genre ou de toute autre appartenance». A propos du Christ, elle déclare encore que sa résurrection lui donne de l’espoir: «C’est hyper fort pour moi de savoir que Dieu est venu se rendre humain, expérimenter une vie humaine et toutes les émotions qu’elle peut contenir, jusqu’à la croix, pour nous sauver. C’est magnifique.»

Laure Fontannaz, Chavornay, 25 ans, étudiante en master de théologie

Depuis quatre ans, elle est une salariée de l’EERV. Laure Fontannaz y est «responsable jeunesse» pour la région Joux-Orbe. «Je gère les groupe de jeunes, la mise en place de la catéchèse…» Un 50% auquel s’ajoute un autre 30% au sein de la paroisse de Chavornay, où elle s’occupe de donner le catéchisme aux enfants et où elle prêche déjà. «Dans le but de devenir pasteure», confie tout.de-go celle qui, il y a deux ans déjà, est montée en chaire pour la première fois. «Je suis constamment en lien avec un pasteur. Ces prises de paroles sont des moments un peu stressants, d’autant que l’université ne nous forme pas à cet exercice. J’aime cette analyse d’un texte biblique qui vient du cœur plus que de l’intellect. C’est l’occasion d’entrer dans le cœur du message de l’Evangile», déclare-t-elle inspirée. Attachée aux camps qu’elle accompagne régulièrement, Laure Fontannaz y affectionne «les moments dédiés au chant, qui rassemblent et permettent d’éprouver notre foi collectivement». Pour autant, le parcours universitaire de la jeune femme, même s’il a une visée pastorale, n’est pas de tout repos concernant son rapport à Dieu. «On dit parfois que la théologie peut faire perdre la foi. Disons en tout cas que cela fait beaucoup bouger les choses…» Assurant toutefois ressentir, dans sa croyance personnelle, «quelque chose de fixe», elle se dit certaine que «Dieu est là pour nous en tout temps, sans qu’on s’en rende forcément compte». Egalement déléguée au Synode de l’EERV, Laure Fontannaz a l’espoir qu’un jour, «les décisions qui y sont prises seront faites pour ceux qui feront cette Eglise dans vingt ans. C’est-à-dire la jeunesse.»

Simon Zürcher, Cottens (VD) 22 ans, étudiant en économie d’entreprise

En août 2024, ils étaient une centaine à le suivre lors de la deuxième édition du «Zugday». Organisé en partenariat avec l’Association des jeunes de la région Morges-Aubonne (AJRM), cet événement consiste en «une aventure unique». Le concept? «Parcourir le pays en équipes à travers toute la suisse, en utilisant exclusivement les transports publics, afin de récolter des points grâce à diverses missions.» Un défi que Simon Zürcher, son initateur, a voulu «proche des valeurs chères au christianisme, à savoir le partage, l’entraide et la bienveillance». Attaché à créer des activités nouvelles dans «une Eglise qui n’est plus adaptée aux jeunes», Simon Zücher a des mots forts à propos des habitudes ecclésiales réformées: «On dit souvent qu’on ne voit pas les jeunes, dans notre Eglise. Mais ils sont nombreux et actifs. Il ne faut simplement pas imaginer qu’on les verra au culte du dimanche matin, un horaire qui n’est plus adapté à eux.» Présent depuis peu de temps au Synode de l’EERV en tant que délégué, Simon Zürcher pense qu’il est important de se trouver là où tout se décide pour l’avenir de son Eglise. «C’est le meilleur endroit pour dire que les jeunes croyants existent. Je souhaite y défendre leur voix.» Parfois vu comme «un extraterrestre» par ses amis à cause des nombreuses missions qu’il mène à bien au sein de l’Eglise, Simon Zürcher conseille à tout un chacun, pour le comprendre, de vivre un week-end à Taizé, communauté œcuménique où de nombreux jeunes chrétiens se rassemblent, notamment pour chanter leur foi. «Cela marque forcément, qui que l’on soit.»