Abus: Femmes protestantes pas convaincues par le projet d'enquête de l'EERS
Lors du Synode de l’Eglise évangélique réformée de Suisse, qui se tiendra du 9 au 11 juin à Neuchâtel, les délégués des Eglises réformées cantonales auront à se prononcer sur le projet d’étude concernant la question des abus, tel que proposé par leur faitière. La formule envisagée n’a cependant pas convaincu les Femmes protestantes suisses, qui l’a fait savoir par voie de communiqué, le 4 juin. Eclairage avec sa présidente, Gabriela Allemann.
Les Femmes protestantes se déterminent contre le projet d’étude qui sera soumise au vote au Synode de l'EERS. Le vote a-t-il été serré?
Après une discussion intense, cette position a été largement acceptée par le comité central.
S'il fallait ne choisir qu'un argument qui a été décisif, quel est-il?
D’abord, il nous semble vraiment important qu'on implique mieux les personnes concernées et ce dès l'élaboration d'une étude. Ensuite, l'EERS ne peut pas porter la responsabilité d'une étude qui concerne toute la société. Elle aimerait révéler les abus dans tous les secteurs de notre vie – école, sports, culture, etc. –, en étant seule à en donner le mandat, et donc seul à en prendre la responsabilité.
N’est-ce pas tout à son honneur?
Certes, une telle étude sur la question des abus au sein de la société dans son ensemble ferait sens, mais ce n’est pas le rôle de l’EERS. Nous pensons surtout que, dans la forme qui est aujourd’hui projetée, cette étude ne donnera pas les résultats dont on a besoin maintenant, soit en ce qui concerne les abus dans l’église réformée pour notre action et prévention.
En encourageant un vote en défaveur de cette proposition, ne craignez-vous pas que cela sot compris comme un refus des Eglises réformées de faire leur introspection?
Nous ne refusons pas le principe d’une telle étude, pas du tout, mais souhaitons plutôt encourager à un rejet motivé. Nous sommes très favorables à ce que le Conseil aille de l'avant sur cette question et présente une proposition au synode du juin. Pour nous, il ne fait aucun doute que le travail d'introspection et de mise en lumière est impératif.
Refuser cette proposition mise sur la table ne risque-t-il pas d'envoyer aux oubliettes l'idée même d’une étude sur le sujet?
Nous sommes résolument favorables à ce que l'Église prenne ses responsabilités et regarde ce qui se passe en son sein. L’idée d’une telle étude ne tombera pas dans l'oubli, elle reste très actuelle. Il faut toutefois examiner, avec la «Commission consultative des parties prenantes» qui va être installé, quel type d'étude permet de rencontrer les personnes concernées sur un pied d'égalité et donne en même temps à l'EERS des informations fiables sur les structures et les spécificités reformées qui facilitent les abus.