L’influence des orthodoxes russes planerait-elle encore sur le Conseil œcuménique des Eglises (COE)? Pour Michel Müller, président de l’Eglise réformée zurichoise, cela ne fait pas de doute, au vu de ce qu’il a déclaré lors du dernier synode de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS), qui s’est tenu du 18 au 20 juin à Olten. «Jerry Pillay, le Secrétaire général du COE, se laisse complètement mener en bateau!»

Auteur d’une demande de suspension de l’Eglise othodoxe russe au COE, qu’il avait déjà présentée au synode de l’EERS il y a un an à Sion, Michel Müller a pourtant vu sa motion classée à Olten. Le Conseil de l’EERS a estimé que cette dernière avait été mise en œuvre. De fait, Serge Fornerod, délégué de l’EERS au COE, l’avait présentée au Comité central juste avant l’Assemblée du COE, qui s’est tenue à Karlsruhe en septembre 2022.

Michel Müller a alors des mots très durs, notamment lorsqu’il évoque le voyage de Jerry Pillay en Russie en mai dernier. Ce dernier y a rencontré le patriarche Kirill, chef religieux proche de Poutine pour qui cette guerre se justifie théologiquement. «Mettons fin à la présence de l’EERS au Comité central du COE si nos mises en garde ne servent à rien!», a-t-il encore asséné.

Des propos d’autant plus forts, alors que Rita Famos, la présidente de l’EERS, a annoncé qu’elle prendrait la suite de Serge Fornerod en tant que déléguée au Comité central du COE, et ce dès le mois de juillet.

Au sujet de la politique menée envers l’Eglise orthodoxe russe (EOR), la pasteure a d’ailleurs déclaré que «le COE, dont la rhétorique n’est plus très crédible, ferait mieux d’œuvrer réellement pour la paix». 

Si l’appel de Michel Müller a été rejeté par le COE à l’époque, Rita Famos a toutefois confié que qu’il avait fait «bouger des choses». En effet, après s’être prononcée contre la justification de la guerre par l’EOR, l’EERS aurait «reçu le soutien de beaucoup d’autres Eglises chrétiennes membre du COE».

Apparemment confiante, Rita Famos a mentionné la promesse faite par Jerry Pillay de «réanalyser la situation prochainement», le COE étant désormais «observé de près par la communauté internationale». Selon les documents du Synode de l’EERS, «il ne fait pas de doute que l’EOR est de plus en plus isolée dans sa position, contestée également à l’interne». Une table ronde avec des représentants des deux Eglises orthodoxes d’Ukraine et de l’EOR doit avoir lieu en octobre à Genève afin de trouver un terrain d’entente.