Depuis toujours, j’aime les histoires et les rencontres, qui souvent ne font qu’un. La Bible fourmille de mythes et de textes sacrés, de même que le quotidien, pour peu que l’on y soit attentif·ve. Je suis émerveillée par la richesse et par la beauté des visages, des regards croisés, qui révèlent l’unicité de chaque personne, de chaque créature. Comme des vitraux de l’être, quels que soient l’âge, l’apparence, l’état de santé… Les rencontres, les échanges sincères et profonds sont un grand cadeau et une magnifique part de mon ministère ! Ma foi conjugue extériorité et intériorité, l’autre, Dieu et moi, dans un mouvement qui les unit et qui les fait résonner, mûrir ensemble. Elle se nourrit aussi de partages, de textes, d’images, de nature, de musique et de silence. Nous avons toutes et tous des textes bibliques qui nous fondent, parce qu’ils nous parlent tout particulièrement, qu’ils parlent de nous, de notre quête, de nos aspirations, qu’ils rejoignent ou au contraire qu’ils questionnent notre vision du monde. Parmi ceux-ci figure pour moi la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, au bord du puits.

C’est autour de midi, il fait chaud. Jésus est fatigué et il demande à boire à une femme qui s’approche. Elle n’est pas juive mais samaritaine, et seule. Tout devrait les séparer, pourtant la rencontre a lieu et transforme. Jésus parle, écoute, répond, pour raviver en l’autre la Source de la vie: «Celui ou celle qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui ou en elle une source d’eau qui jaillira.» ( Jean 4:14) L’œuvre de Dieu en nous et dans le monde est de nous irriguer de son eau vive, d’ouvrir un chemin à travers les obstacles et les pierres qui obstruent la voie, de nous unir à ce flot de Vie qui part de Dieu et qui retourne à lui en faisant de nous des porteurs/porteuses, des passeurs/pasteures. Ma foi, c’est chercher et percevoir le murmure de la Source, m’en approcher, m’y plonger, pour laisser jaillir la Vie. A l’abbaye de Saint-Maurice, dans le couloir souterrain des catacombes, je me souviens encore de mon émotion en distinguant, sous le sol, le bruissement d’un ruisseau, qui murmurait plus fort que la mort… Il y a des lieux, des expériences, des personnes qui nous font goûter Dieu «en Esprit et en vérité» ( Jean 4:23). Jésus- Christ, par sa vie, ses paroles et ses gestes, par sa mort et sa résurrection, nous relie à la Source et nous rappelle qu’il y a en nous plus que nous-mêmes et que nous ne faisons qu’Un. La foi, l’Evangile, l’Eglise, les communions humaines commencent par des rencontres au bord du puits, autour de ce qui nous est vital et donné par pure grâce.