C’est un lieu symbolique au cœur de Lausanne, dans un quartier piéton dévolu au shopping: l’église Saint-Laurent et sa volée de marches offrent une pause bienvenue aux passant·e·s, et un espace d’accueil pour les personnes en recherche de soutien. Epicerie sociale, occupation temporaire par des migrants… : le lieu a été associé au militantisme social, sous le mandat tonitruant de ses précédents pasteurs, Daniel Fatzer et Jean Chollet, jusqu’à ce que le premier quitte l’EERV et que le second prenne sa retraite.

Qu’allait-il advenir de cet espace stratégique? Allait-il rester un «lieu phare», reflétant l’identité protestante au cœur de Lausanne, au même titre que la cathédrale et l’église Saint-François?

C’est oui, pour l’exécutif de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), qui a conscience de l’importance de ce lieu «convoité» localement parce que très inséré dans la ville. Mais il souhaite tourner la page, ce qui sera fait symboliquement en démarrant dans l'église Saint-Laurent un nouveau projet appelé «Eglise Martin Luther King». Le nom a été choisi par la communauté d’habitué·e·s souhaitant poursuivre l’aventure. L’idée d’une église gospel, elle, est «un rêve» apporté par le pasteur Benjamin Corbaz, par ailleurs coordinateur de la Région Lausanne à partir de septembre, qui aura la casquette d’animateur de cet espace. Le gospel se rattache à une tradition «importante à Lausanne et dans l’EERV», explique Laurent Zumstein, conseiller synodal de cette Eglise. Par ailleurs, Benjamin Corbaz a déjà lancé plusieurs concepts autour de cette musique «qui permet d’expérimenter l’Evangile de manière joyeuse et communautaire». Mais ici, pas question de venir avec un projet tout ficelé. «Pour le moment, hormis un petit groupe qui a envie de reconstruire quelque chose, il ne reste plus rien du projet précédent. Nous sommes à la recherche de gens qui veulent rêver avec nous! L’idée est de recréer un lieu d’Eglise autour de la famille, de l’inclusivité – en lien avec les initiatives LGBT+ existantes à Lausanne. Et de la solidarité», lance le pasteur.

La dimension sociale de Saint-Laurent ne devrait donc pas disparaître. «La communauté souhaitait que sa présence en cœur de ville permette de rester inclusif et de garder une dimension diaconale: un projet en ce sens sera élaboré avec l’aide de la diacre Liliane Rudaz», poursuit Laurent Zumstein, conseiller synodal de l’EERV.

Pour ce qui est du budget, le Conseil synodal a attribué 10% d’un équivalent temps plein pour les activités diaconales et un poste à 50% pour Benjamin Corbaz.

Pour l’heure, «le statut de Saint-Laurent souffre d’un flou, mais une chose est claire: comme l’Esprit sainf et la cathédrale, l’Eglise MLK dépend du niveau cantonal. Et initier un tel projet est clairement dans la stratégie du Conseil synodal qui l’intégrera en son temps dans l’organigramme, comme il le faut», explique Laurent Zumstein. Premier rendez-vous pour le grand public: un grand culte gospel de lancement, le 26 septembre prochain.