EPG: Laurence Mottier nouvelle modératrice
Vous avez été élue dès le premier tour, face à trois autres candidat·e·s. Quelles sont vos impressions ?
Je ne sais pas si j’ai déjà complètement réalisé ! Je suis très heureuse, mais aussi un peu impressionnée. Je me sens honorée d’avoir été choisie, cela signifie que mes consœurs et confrères estiment que je peux apporter quelque chose. Je suis consciente de la gravité de la crise que nous traversons et dont nous peinons véritablement à sortir. C’est un grand chantier.
Vous prendrez vos fonctions le 25 juin. D’ici là, l’EPG devrait officialiser l’engagement de trois secrétaires généraux et le poste de président devrait être repourvu. Cela fait beaucoup de changements en quelques semaines…
C’est vrai que tout arrive un peu en même temps. Je prends cela comme une chance de refonder ce que nous voulons vivre à Genève, ce que nous, petite Eglise minoritaire, voulons apporter à la Cité. C’est l’occasion de retisser les choses différemment.
Quels projets souhaitez-vous porter durant votre législature ?
Etre modératrice c’est aussi une liberté, celle d’aller où il semble bon d’aller. Après la crise institutionnelle que nous avons vécue, je pense qu’il est nécessaire de se recentrer autour de la vocation de chacune et de chacun.
Trois points me tiennent particulièrement à cœur. Le premier est le travail relationnel et spirituel entre nous, c’est-à-dire prendre soin des pasteur·e·s, des diacres et des ministères par l’écoute, le partage biblique et spirituel. Je souhaite fédérer pour que nous puissions nous réjouir de ce que nous sommes et de ce que nous portons ensemble.
Du côté du travail théologique, je vois plusieurs chantiers à continuer ensemble, notamment autour des discriminations sur la base du genre, de l’orientation sexuelle, de la santé mentale, de la « race », du handicap ou de la classe sociale. Je pense également à l’émergence de nouveaux ministères, à la transformation de la figure du pasteur·e et du ou de la diacre et à notre action sociale et de solidarité face à la précarité grandissante de notre société.
Le troisième point important est notre rayonnement. Nous sommes attendu·e·s comme ministres dans notre Eglise, dans le dialogue œcuménique et interreligieux et dans les débats de société dans la Cité. Chacun·e d’entre nous porte une parole dans le monde d’aujourd’hui. Ce « concert de voix et d’instruments » doit être entendu.
Vous êtes la deuxième femme élue « pasteure des pasteurs » après Isabelle Graesslé, en 2001. Son premier geste avait été de déposer une rose sur la tombe de Calvin…
J’ai plutôt envie de saluer trois femmes. Marie Dentière, la première femme à figurer sur le Mur des Réformateurs. Marcelle Bard, la première femme pasteure à Genève et ma prédécesseure dans le quartier de la Servette. Et enfin Idelette de Bure, l’épouse de Calvin.
Quel est le rôle du.de la modérateur·trice ?
Le modérateur ou la modératrice de la Compagnie des pasteur·e·s et des diacres de l’Eglise protestante de Genève préside la Compagnie, qui réunit tous les ministres dans un but de formation permanente, de soutien mutuel et de réflexion sur des questions touchant l’exercice du ministère et la vie de l’Eglise. Il ou elle est élu par ses pairs, pour une durée de trois ans. A ce titre, il ou elle est reconnu comme primus inter pares, et veille à la bonne marche professionnelle et spirituelle des ministres de l’EPG.
Le ou la modérateur·trice représente la Compagnie des pasteur·e·s et des diacres, qui est l’autorité théologique de l’Eglise protestante de Genève. Il ou elle est membre du Conseil du Consistoire (avec voix délibérative) et préside l’Assemblée de l’Eglise.
Cette fonction séculaire de service auprès du corps ministériel remonte aux ordonnances ecclésiastiques de 1541. Elle fut autrefois celle de Calvin. Elle est unique dans le paysage réformé francophone.