Dépasser les frontières
Ouvrir des espaces pour de nouvelles formes de présence ecclésiale: voilà le souhait du Conseil synodal des Églises réformées Berne-Jura- Soleure (Refbejuso). «De nombreux projets ont déjà émergé du terrain et méritent d’être salués et soutenus», se réjouit Judith Pörksen Roder, nouvelle présidente du Conseil synodal des Églises Refbejuso.
Grande variété
Un rapide survol de la page internet eglisequibouge.ch permet de se rendre compte de la diversité des initiatives portées par les Églises: communauté fan de musique metal (voir photo), culture à domicile, tandem avec des réfugiés ou encore pasteurs servant de la bière dans les manifestations avec leur bar mobile pour entreprendre le dialogue. «De manière générale, tout ce qui fait bouger le monde nous met aussi en mouvement», complète Judith Pörksen Roder. Pour la présidente, il est important que les Églises prennent part aux questions de société: «Il faut que nous proposions des lieux qui permettent les échanges et la discussion sur des thèmes tels que la migration ou les questions climatiques.» Elle cite notamment la Offene Kirche (église ouverte) de Berne: «De nombreuses activités sont proposées. Il y a, par exemple, un projet ‹Food save› pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Des manifestations ponctuelles permettent de toucher un public plus large. Pour la journée des réfugiés, en juin dernier, les noms de migrants connus décédés en mer Méditerranée, inscrits sur des petits papiers, ont flotté sur la place à côté de l’église. Une manière d’interpeller sur le drame qui se vit actuellement».
Soutien amélioré
Afin de favoriser de telles initiatives, le Conseil synodal va veiller à créer les bases juridiques nécessaires au développement de ces activités, soutenir la mise en réseau et offrir des possibilités de formation continue. Une réflexion de fond concernant les structures actuelles est également en cours. Bien que le fonctionnement territorial des paroisses reste important afin de garder une proximité, des projets plus larges méritent d’être développés. «En Erguël, dans le Jura bernois, les paroisses sont très créatives et collaborent depuis de nombreuses années en développant même des synergies avec d’autres régions», note Judith Pörksen Roder. Parmi les activités proposées: service d’écoute, café deuil ou encore un volet culture.
Pour la présidente, il est important de développer des interactions avec d’autres acteurs de la société: «Cela permet aussi de se présenter en tant qu’Église. Souvent, des personnes très distanciées sont surprises de qui nous sommes et de ce que nous faisons, car elles restent bloquées sur des clichés.» Pour Judith Pörksen Roder, cultiver une certaine ouverture est également un moyen d’amener un discours théologique dans des sphères plus larges. Elle insiste également sur le fait que de nouvelles idées peuvent être développées, même si elles paraissent inhabituelles. Elles peuvent toucher des personnes proches des Églises ou non et n’être proposées que durant un laps de temps ponctuel.
Pointe de coordination
Cette volonté de développer de nouveaux projets est saluée par Dominik von Allmen-Mäder, délégué au Synode Refbejuso et doctorant en théologie systématique. Pour ce jeune trentenaire, il serait judicieux que les initiatives puissent être quelque peu coordonnées par la suite. Bien qu’il soit conscient du fait que les nouvelles idées ont besoin d’un certain de «degré de chaos» pour s’épanouir, il juge que, pour développer une stratégie globale, il serait intéressant de mettre sur pied une commission spécialisée. Son souci principal porte sur les finances. Confrontées à des diminutions importantes pour l’avenir, les Églises devront forcément trouver un équilibre dans le financement de leurs activités et faire certains choix qui méritent une réflexion plus poussée.
