L’Église protestante de Genève ouvre le mariage aux couples de même sexe
«Je suis très fière de notre Église. Nous avons choisi l’égalité entre les différentes formes de couple», se réjouit, émue, la pasteure Carolina Costa, lors du Consistoire de l’Église protestante de Genève (EPG). Jeudi 28 novembre, les délégués ont décidé, à 33 voix contre une et trois abstentions, non seulement d’étendre la bénédiction aux couples homosexuels, mais aussi de proposer une cérémonie identique que pour les couples hétérosexuels: «L’EPG bénit les couples, unis civilement, qui lui en font la demande […] La bénédiction est la même pour les couples de même sexe que pour les couples de sexe différent», stipule le texte. Si plusieurs Églises cantonales font déjà des cérémonies pour les couples de même sexe, certaines ne proposent pas la bénédiction aux couples homosexuels afin de différencier les différents types d’union.
«La bénédiction de Dieu est ouverte à tous et il en est de notre responsabilité de ne pas l’exprimer sur un mode discriminatoire», souligne la pasteure Vanessa Trub, vice-présidente de la Compagnie des pasteurs et des diacres. «L’inclusivité que nous avons choisie ne concerne pas que les questions de genre, mais aussi l’accueil des différentes spiritualités», ajoute Carolina Costa, coordinatrice du LAB, l’espace inclusif de l’EPG.
Les avis contraires tus
Lors de cette soirée, aucun avis contraire ne s’est fait entendre, pourtant ils existent également. «Les échanges dans les paroisses ont été parfois vraiment rudes et cela montre le désarroi des personnes qui ont une opinion différente. Nous devons accompagner, sans jugement, celles que ce dossier heurte», relève le délégué Marc Jeanneret. «Le Conseil du Consistoire est conscient que sur un sujet aussi sensible, ce n’est pas possible de trouver l’unanimité, mais nous pouvons trouver des convergences afin de ne pas rompre la communion», avait tenu à exprimer Emmanuel Fuchs, président du Conseil du Consistoire, avant le vote.
Ce sujet questionne l’EPG depuis de longues années. En 1992, le Consistoire avait refusé d’étendre la bénédiction aux couples de même sexe. Et en 2006, les délégués n’avaient pas souhaité rouvrir le dossier. Fin 2017, le débat a été relancé. «Depuis plus de deux ans, nous travaillons la question de la pastorale conjugale. Nous avons eu besoin de temps, de discussions et de l’apport théologique de spécialistes», retrace la pasteure Vanessa Trub. Concernant cette question, les délégués ont également accepté un second point qui concerne la «création et le renouvellement d’outils liturgiques et pastoraux adaptés pour l’accompagnement des nouvelles formes de conjugalité et de configurations familiales.»
Début novembre, la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) s’était également prononcée sur ce sujet. Les délégués avaient affirmé leur soutien au mariage pour tous au niveau civil. Ils avaient également adopté des recommandations non contraignantes pour les Églises membres, notamment celle de suivre la nouvelle définition du mariage civil comme prérequis au mariage religieux.
Texte voté par le Consistoire
«L’EPG accueille et accompagne toute personne sans condition d’âge, d’origine, de genre, d’orientation affective et sexuelle, de religion ou de confession. L’EPG reconnaît dans la conjugalité une dimension importante de la réalisation de soi sous le regard de Dieu. Elle encourage et soutient les couples pour qu’ils puissent vivre leur amour dans la durée. Elle bénit les couples, unis civilement, qui lui en font la demande et qui s’engagent à placer leur alliance devant Dieu et la communauté chrétienne. La bénédiction est la même pour les couples de même sexe que pour les couples de sexe différent, même si elle n’engage pas de la même manière la filiation.»