La question des dotations continue d’agiter le Synode vaudois
Où l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) doit-elle mettre ses forces? La question de la répartition des ressources humaines, en particulier des ministres du culte, continue à diviser le Synode (organe délibérant). Les divergences entre le Conseil synodal (exécutif) et une partie du Synode ont à nouveau été au cœur d’une session ce vendredi 21 septembre à Crêt-Bérard.
Le règlement prévoit qu’une fois par législature de 5 ans, le Synode se prononce sur le contenu des cinq enveloppes que sont régions et paroisses; services et offices cantonaux; employés; missions communes avec l’Église catholique; et le Conseil synodal. Alors qu’en vertu de l’accord de rééquilibrage de la répartition de la subvention cantonale avec l’Église catholique, l’EERV doit biffer 15 postes sur environ 220, le Conseil synodal avait proposé, en janvier passé, trois scénarios. Il affichait sa préférence pour un modèle qui —outre le transfert de la responsabilité des aumôneries en EMS des régions vers une mission commune— renforçait les services cantonaux afin de favoriser une dynamique de changement, et ce, au détriment des paroisses et régions. Mais en mars, le Synode n’a adopté aucun de ces projets et a renvoyé le rapport au Conseil synodal.
Un groupe de travail sur les dotations au calendrier serré
En juin, le Synode adoptait le principe d’un groupe de travail sur cette question des dotations et vendredi, le Conseil synodal a donc présenté un rapport prévoyant la création d’un tel groupe ainsi qu’un calendrier de travail extrêmement serré prévoyant la remise du ou des rapports le 11 janvier 2019 pour une adoption lors du Synode de mars 2019. Un calendrier permettant une décision avant la fin de la législature, fin juin 2019. Après un rapide débat sur la nécessité d’être libre pour toutes les rencontres planifiées pour pouvoir se porter candidats, les membres du Synode ont désigné 14 personnes sur 24 candidatures pour participer à ce groupe de travail. S’y ajouteront quatre membres du Conseil synodal, quatre personnes désignées par ce dernier, ainsi qu’un «facilitateur» en la personne de Jean-Luc Blondel, théologien, retraité et ancien délégué du Comité international de la Croix rouge internationale.
Le Synode exige un questionnaire envoyé aux paroisses
Le Conseil synodal a également présenté sa réponse à une autre motion adoptée par le Synode en juin. Celle-ci demandait une consultation des paroisses sur cinq questions en vue du travail sur les dotations. Constatant qu’un tel questionnaire nécessiterait un travail conséquent pour les Conseils paroissiaux et que le calendrier établi précédemment pour régler la question des dotations avant la fin de la législature ne serait alors plus tenable, le Conseil synodal proposait de renoncer à ce questionnaire. Une solution reçue très froidement par le Synode. Délégué de la Faculté de théologie et de sciences des religions, Simon Butticaz s’est fendu d’un très sec «rappel au règlement» pour préciser que «la motion est contraignante.» Défendant le texte dont il avait été un des signataires en juin, le théologien a déclaré: «la motion appelle à observer l’Église telle qu’elle est aujourd’hui!» Il a ajouté «sans savoir cela, on ne peut par répartir les forces car l’on ne connaît pas la maison EERV.»
Une remarque qui a piqué la conseillère synodale Myriam Karlström qui a relevé: «dans son discours, Simon Butticaz laisse entendre que les 14 personnes nommées pour le groupe de travail et le Conseil synodal ne connaissent pas l’EERV.» Une remarque qui bien qu’assez légitime a provoqué une clameur de désapprobation dans l’assemblée. Président du Conseil synodal, Xavier Paillard a quant à lui déclaré «inacceptable d’accuser le Conseil synodal de ne pas répondre à la motion.» Il a ajouté que «nous avons tous une connaissance partielle de l’EERV. Nous proposons de ne pas envoyer de questionnaire, craignant de créer un sentiment de frustration plutôt que d’écoute.» Le pasteur pense, en effet, que les réponses des paroisses, toutes centrées sur leur réalité locale, soient finalement inutilisables. Et ce d’autant plus, que cette consultation n’est pas adressée aux différentes aumôneries, mais seulement aux paroisses et régions.
Un calendrier devenu irréaliste
Après une discussion agitée, le Synode a finalement exigé par 23 voix contre 17 et quelques abstentions que cette enquête soit bel et bien menée d’ici au 15 novembre. En fin de rencontre, Jean-Luc Blondel a pris la parole pour signifier qu’au vu de cette décision il n’était «pas sûr d’y arriver. Il faudra changer de calendrier. Il n’est pas réaliste de travailler sur les résultats de la consultation entre le 15 et le 23 novembre», date d’une rencontre de deux jours pour le groupe de travail.
Élection d’un nouveau Conseiller synodal
Le Synode a par ailleurs élu Boris Voirol comme conseiller synodal laïc en remplacement de John Christin qui a démissionné en juin pour marquer ses désaccords profonds avec l’exécutif en place. Il entrera en fonction le 1er octobre et est élu pour 9 mois. En effet, une nouvelle législature débutera au 1er juillet 2019 et une nouvelle élection désignera les membres du Conseil synodal pour la période 2019-2024.