Parler écologie en alexandrins sous forme de fables dystopiques associées à des interludes musicaux, c’est l’exercice étonnant auquel s’est attelée Sketch’Up et Cie. Le monde de demain, la gestion durable des ressources, le déni et les actions collectives, autant de sujets qui seront abordés par quatre comédiens et un violoncelliste sur une scène qui se veut des plus épurées.

De son palais, un ministre de l’Environnement adresse un discours grandiloquent à la Création à travers sa fenêtre. Rappel de règlement au soldat climat: arrêter de souffler le chaud et le froid. A la terre: ne plus trembler et se fissurer. Aux fleuves: rejoindre tout de suite leurs lits. Et à la calotte glaciaire: un peu de retenue! Après un long silence, l’orage gronde et la foudre s’abat près de lui, comme pour l’inviter à plus de modestie.

Un client d’un café est assoiffé et demande un verre d’eau. Le serveur lui propose quantité de variétés avec de nombreuses possibilités de l’agrémenter. Le choix est vaste: avec et sans glaçons, tiède, chaude ou bouillante, avec sachet de tilleul, menthe ou à l’arôme d’orange ou de citron, avec ou sans zeste. Dépassé par tant de propositions, le client se décide pour un simple verre d’eau du robinet, ce à quoi le serveur répond qu’il ne sert pas les produits gratuits.

Créée en 2020, la pièce reste d’actualité dans un monde qui semble avoir perdu une partie de son bon sens et qui peine à relever le défi climatique qui nous concerne toutes et tous. Le recul apporté par la narration sous forme de fables permet de mettre en lumière de nombreuses vérités parfois difficiles à verbaliser. Le côté dystopique, qui présente une société fictive, donne à voir certaines situations avec un regard extérieur et nous interroge sur notre propre réalité, parfois bien plus absurde.