Pleurer la perte de son animal domestique n’est plus un tabou
«Je ne pense pas que notre rapport aux animaux ait changé. De tout temps, l’homme s’est entouré d’animaux et s’y est attaché. Par exemple, les chats avaient une place privilégiée dans l’Egypte ancienne. L’affection n’est pas un sentiment nouveau par contre le fait de pouvoir exprimer sa tristesse, d’en parler et d’entreprendre quelque chose de particulier pour marquer le décès d’un animal est relativement récent», explique Alain Zwygart, administrateur de la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVPA). Alors que par le passé, les dépouilles étaient incinérées uniquement par les voies industrielles d’équarrissage, les crématoires animaliers qui permettent actuellement des incinérations individuelles rencontrent de plus en plus de succès.
«Je pense que cette démarche aide les personnes à faire leur deuil», souligne Magali Corset, conseillère au crématoire animalier de Lausanne. Dans un petit salon aux couleurs claires, Magali Corset reçoit et conseille les personnes qui viennent de perdre leur compagnon. «J’apporte mon soutien, certaines personnes sont effondrées». Autour d’une table en verre, un canapé et un fauteuil sont disposés l’un en face de l’autre. Une dizaine d’urnes sont exposées dans une vitrine. Des petites boites en bois, des vases en céramique bleue, des urnes en cuivre. Il pourrait s’agir de n’importe quel crématoire à la différence qu’un grand panier vide trône dans la pièce. «Dans la mesure du possible, nous gardons l’animal défunt avec nous lorsque nous recueillons les vœux pour l’incinération», explique la conseillère.
Depuis mai 2010, le crématoire animalier de Lausanne propose un service d’incinération individuelle pour les animaux domestiques: chiens, chats, oiseaux, rongeurs, reptiles. Seule contrainte, ne pas dépasser 80 kilos, l’équipement ne le permet pas. Les propriétaires ont le choix de récupérer les cendres ou de laisser le crématoire s’en occuper. «Certains souhaitent garder les restes cinéraires avec eux, d’autres les dispersent dans la nature. Chacun fait comme il le souhaite», ajoute Magali Corset.
Le jardin du souvenir de Sainte Catherine
Unique en Suisse romande, le jardin du souvenir au refuge Sainte Catherine, à Lausanne, accueille les cendres animalières. «En plus, d’un puits commun où les restes cinéraires peuvent être versés, nous avons actuellement une cinquantaine de concessions qui contiennent une ou plusieurs urnes», explique Alain Zwygart. Louées à l’année pour une somme de 70 à 100 francs, ces petites tombes sont ornées de plaque commémorative et de fleurs. «Nous n’autorisons aucune référence à des textes bibliques ou d’autres religions sur les plaques, tout comme toute forme de cultes religieux est interdite lors de la mise en terre. Il s’agit de faire une différence entre les animaux et les croyances de leur propriétaire», ajoute l’administrateur qui précise que la plupart des concessions sont louées pendant 3 à 5 ans. «Si nous remarquons une augmentation des demandes pour les crémations individuelles, ce n’est pas le cas pour le jardin du souvenir. Je pense que la plupart des personnes n’ont pas besoin d’avoir un lieu concret dans un cimetière, elles trouvent des solutions plus personnalisées».
Un cimetière pour chiens au Beau-Rivage Palace
Entre 1880 et 1983, le Beau-Rivage Palace, à Lausanne, a accueilli les corps de 48 chiens dans ses jardins. Dernière demeure pour les animaux domestiques d’une certaine élite qui séjournait régulièrement dans le luxueux hôtel, ce cimetière canin n’admet plus de dépouilles supplémentaires. Entre autres, à cause de l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi qui interdit d’enterrer des animaux de plus de 10 kilos. On peut toutefois aller visiter cette petite nécropole dont les pierres tombales sont encore visibles. Selon la légende, le chien de la célèbre créatrice de mode, Coco Chanel, y reposerait.