À la merci de…

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[pas de légende]

À la merci de…

Paula Oppliger Mahfouf
16 juin 2024
Pouvons-nous tout contrôler ? Une Plume d’Erguël de la catéchète professionnelle Paula Oppliger Mahfouf, parue dans la Feuille d’avis du district de Courtelary, le vendredi 14 juin.

Plus rien ne semble hors de contrôle et tant mieux. Une planification des plus précises, nous permet de connaître et notre emploi du temps et les tâches à accomplir et comment utiliser l’espace autour de nous. Nos téléphones portables, nos ordinateurs, nos montres connectées nous donnent l’alarme des minutes passées, du dépassement de celles-ci et du moment où nous devons nous arrêter pour entreprendre d’autres activités ou faire une pause féconde. Alors pourquoi sommes-nous à la merci de nos angoisses, de nos doutes, de nos déprimes, et de nos brûlures intérieures ?

Hommes et femmes modernes, nous avions décidés que les tourments de notre âme disparaîtraient pour laisser place à l’efficacité et même, peut-être, à la liberté. Mais voilà que, comme un raz-de-marée cette vulnérabilité qu’on croyait maîtrisée nous submerge au point de nous engloutir. Et Dieu n’y peut rien, ni même nos amours, ni nos enfants, ni nos parents. C’est seul·e que nous sommes à la merci de…

À dix ans, j’avais un papa gai comme un pinson. Il aimait le jardin, la nature, les étangs et les grenouilles. Puis, je ne sais comment exactement, toutes les lumières se sont éteintes en lui. On m’a dit le mot « dépression » et pendant presque deux ans je l’ai vu déambuler en pyjama dans notre appartement. J’avais perdu mes talents de clown, je n’arrivais plus à le faire rire. Et puis, après un certain temps, il ne fut plus à la merci de son mal. La lumière est revenue à tous les étages, ou presque, car je sentais qu’une faille s’était installée en lui.

Le temps qui passe nous guérit. Le temps nous sauve parfois, merci à lui. Les cicatrices restent à l’intérieur comme à l’extérieur. Prêtons-y attention, ne les oublions pas, ne les ignorons pas. Elles sont à considérer pour apprendre et comprendre qui nous sommes. Ce que nous sommes avec nos faiblesses, nos fragilités et elles nous rendent plus fort·es. Elles nous apprennent la vie, celle dans laquelle nous sommes ici et maintenant.