Temps ordinaire, temps de fête

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Temps ordinaire, temps de fête

Janique Perrin
26 février 2023
Importance des temps forts dans le calendrier. Un billet de Janique Perrin, responsable de la formation francophone des Eglises Refbejuso, paru le samedi 25 février dans le Journal du Jura.

Un calendrier dans la tête. Une notification le matin à 9h sur l’écran de mon téléphone : n’oublie pas l’anniversaire d’Untel, sors ton papier et ton carton bien ficelés, appelle la dentiste, décommande le coiffeur… Et j’en passe : c’est fatigant un calendrier, dans la tête ou sur un téléphone. Cela assomme, cela aplatit l’espace et réduit le temps à des séries de sept, trente ou encore trois-cent-soixante-cinq jours.

Demain s’achève une série de sept et au moins trois jours auront marqué la semaine écoulée : mardi, mercredi et vendredi. Traduits concrètement, ces trois jours ont rappelé la fin du carnaval, le début du carême et l’anniversaire d’un an de guerre en Ukraine. Pas de quoi se réjouir. Les combats continuent de faire rage à l’Est et nos dirigeants ont opté pour un jusqu’au boutisme guerrier discutable. Les bals, les danses et la viande s’éclipsent pour laisser place au renoncement et à l’introspection.

Pas de quoi se réjouir. Et pourtant, si le calendrier n’est pas seulement lu à la lumière de ses rappels et de ses cases qui se remplissent, il exprime fondamentalement autre chose, et cela se vérifie particulièrement dans les différentes religions. Le calendrier rythme le temps, nomme certains jours, certaines récurrences, certaines périodes. Plus encore, il permet de distinguer entre deux temps majeurs de l’existence humaine, en particulier pour les croyant·es. En termes chrétiens, on parle de temps ordinaire et de temps de fête.

« Le septième jour, Dieu […] se reposa de tout le travail qu'il avait fait. Dieu bénit le septième jour et en fit un jour sacré, car en ce jour Dieu se reposa de tout le travail qu'il avait fait en créant. » (Genèse 2,2-3). Pour les religions juives et chrétiennes, l’alternance des temps, à la fois symbolique et spirituelle, est inscrite au septième jour du mythe de la création. Le jour où Dieu cesse de créer et se repose scande la vie des croyant·es entre travailler et chômer, faire la guerre et faire une trêve. Le temps ordinaire nous voit à l’œuvre, le temps de fête nous commande le repos, le dépôt de nos outils, de nos calendriers, de nos armes.

La survie de la création, la survie de l’humain, en elle dépendent du temps extraordinaire de la fête. Oui, car la fête annonce une fin ou au moins une trêve, un nouveau départ ou enfin un répit. La fête, vécue dans la perspective de la foi, préfigure dans la vie du monde l’espoir d’un avenir toujours possible.