Pluralisme dans l’EERV: réunir la forme et le fond

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Pluralisme dans l’EERV: réunir la forme et le fond

Par Suzette Sandoz
22 octobre 2018

Les deux rapports fort intéressants rédigés par le pasteur Jean-François Habermacher au sujet du pluralisme dans l’EERV recensent, sur la base d’un questionnaire (1800 personnes interrogées, 452 réponses) deux courants dominants: les pluralistes «dans l’âme» (56%) et les pluralistes «identitaires» (31%).

Selon le résumé contenu dans le rapport du Conseil synodal à l’usage des membres du Synode, rapport qui reprend d’ailleurs fidèlement le texte des questions posées par l’enquête sur le pluralisme, les pluralistes «dans l’âme» sont «les croyants [qui] font le pari qu’ils gravissent la même montagne, que les différences sont inévitables, instructives et complémentaires, et que l’essentiel réside dans la rencontre de l’autre, la prise en compte des différences, la recherche de ce qui relie et l’acceptation d’une éventuelle transformation mutuelle.» Quant aux «pluralistes identitaires», «ces croyants font le pari que le Christ seul est “le chemin, la vérité et la vie”; l’essentiel consiste à approfondir son propre chemin de foi et d’inviter les autres à y entrer.»

Nous regrettons profondément la manière dont les questions ont été posées et séparées dans les rapports originaux car elles donnent l’impression que les pluralistes «dans l’âme» n’ont pas d’identité et que les pluralistes identitaires ne sont que des prosélytes étroits d’esprit. La réalité nous semble assez différente.

Il est évident qu’on ne peut chercher ce qui relie et accepter une transformation mutuelle que pour autant que l’on sache ce que l’on croit. Une fois que l’on sait ce que l’on croit et non pas dont on «fait le pari», comme dit la question posée officiellement, on peut parfaitement approfondir son propre chemin de foi en cherchant avec les autres ce qui relie, en acceptant d’ailleurs toujours le principe selon lequel Dieu est plus grand que nous et que nous ne pouvons être qu’à sa recherche.

Distinguer pluralisme dans l’âme et pluralisme identitaire de la manière dont le fait le questionnaire et le reprend le rapport du CS, c’est séparer la forme (le vivre ensemble) et le fond (partager ce que l’on croit).

La grande faiblesse actuelle de l’EERV c’est qu’elle a tellement peur de passer pour «missionnaire», qu’elle a l’air de condamner ceux de ses membres qui croient que le Christ est le chemin, la vérité, la vie, et d’ignorer que, dans leur recherche d’essayer de vivre ce qu’ils croient, ils peuvent être heureux et enrichis des différences qui existent par rapport à d’autres membres ayant aussi une identité de foi. Le pluralisme «dans l’âme» devrait se manifester simplement dans la certitude que Dieu est plus grand que tout ce que nous pouvons dire de Lui, et que c’est en regardant à Lui que nous pouvons trouver une unité dans la diversité des identités.