La confession de foi, à quoi ça sert ?

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La confession de foi, à quoi ça sert ?

Par Sandrine Landeau
25 janvier 2021

Plusieurs paroissien.ne.s m’ont interpellée suite à un culte lors duquel j’avais proposé à l’assemblée une confession de foi. Sans être exceptionnel, ce n’est quand même pas si habituel de nos jours d’avoir une confession de foi dans un culte. Sur mon lieu de ministère, c’est en tout cas moins souvent que la Cène (hors Covid bien sûr!). D’où les interpellations, certain.e.s ayant apprécié la présence d’une confession de foi – « ça nous rassemble » –, d’autres au contraire qui préfèrent quand il n’y en a pas – « ça ne sert qu’à nous diviser ». Nous ne sommes décidément pas tou.te.s pareil.le.s (et les pasteur.e.s se doivent d’être attentif.ve.s aux un.e.s et autres!).

Quel est donc le sens de mettre, ou de ne pas mettre une confession de foi dans une liturgie ? Lors de ma formation pastorale, on n’a cessé de me dire que je pouvais à peu près tout faire, du moment que j’étais capable d’expliquer pourquoi je l’avais fait. Alors pourquoi inclure une confession de foi dans une liturgie et pourquoi ne pas le faire ?

 

Mettre des mots sur une relation

La confession de foi met des mots sur la façon dont un.e.croyant.e ou une communauté comprend Dieu, à partir de la relation tissée avec lui, des mots et images qui sont les siens et aussi du réservoir de mots, d’images, de concepts, que nous ont légué les générations précédentes.

C’est un travail de témoignage, un travail de réflexion, un cadeau que l’on fait au monde. Les langues, les mentalités, les façons d’habiter le monde, les usages, les images évoluent. Il faut donc toujours à nouveau redire qui est Dieu. Dieu lui-même à la fois change et reste le même : son essence reste la même, mais il se manifeste de manière différente aussi selon les personnes, les époques. La Bible ne cesse de nous raconter un Dieu qui vient à la rencontre de son peuple tel qu’il est, là où il en est, d’essayer de se faire entendre en utilisant des images, des moyens d’actions qui peuvent atteindre celles et ceux auxquel.le.s il s’adresse. Le travail des auteurs bibliques de l’Ancien comme du Nouveau Testament est tout entier un tel travail de témoignage et de mise en mots. Et les chrétiens de tous les temps ont sans cesse repris ce travail de traduction, d’actualisation pour dire qui est Dieu pour le monde. Celles et ceux qui écrivent aujourd’hui des confessions de foi poursuivent ce travail.

Il arrive au contraire qu’on choisisse d’utiliser une confession de foi ancienne, par exemple celle qu’on appelle de Symbole des apôtres, pour s’enraciner dans la tradition qui nous a précédé, faire honneur au travail des théologien.ne.s qui ont vécu avant nous et qui ont fait ce travail d’actualisation.

 

Diversité et unité des confessions de foi chrétienne

Puisque la confession de foi met des mots sur une relation, elle ne sert pas d’abord à nous unir tous dans la même foi, mais plutôt à conscientiser le fait que nous ne comprenons pas tous Dieu de la même manière.

Il y a autant de manières de faire confiance à Dieu (foi et confiance sont le même mot en grec comme en hébreu) qu’il y a d’individus. La confiance est une relation et chaque relation est unique. On peut penser, ou croire, bien des choses différentes au sujet de Dieu, c’est absolument normal ! Si dans une famille vous demandez à des frères et sœurs de vous parler de leur père, vous aurez sans doute des points qui se recoupent, mais aussi bien des points qui diffèrent. Ce n’est pas que l’un des frères ou l’une des sœurs a raison et les autres tort, c’est qu’ils ont chacun.e une relation différente avec leur père, qu’iels en ont vu chacun.e quelque chose d’unique.

Ceci dit, il y aura quand même des points d’accord, et si vous mettez côte à côte plusieurs confessions de foi chrétiennes, vous y trouverez aussi des ressemblances, des traits qui vous permettront de vous faire une idée générale de la façon dont les chrétien.ne.s comprennent Dieu, avec par exemple la mention fréquente d’un Dieu à la fois créateur et personnel, de l’importance de Jésus Christ et du Saint Esprit, de la communauté croyante… La confession de foi sert aussi à ça : se rappeler qu’au-delà de nos différences, quelque chose, ou plutôt quelqu’un nous unit !

 

Alors, confession de foi ou non ?

Lorsque je choisis d’inclure une confession de foi dans la liturgie d’un culte, c’est en général quand le texte biblique du jour et/ou l’occasion se prête particulièrement bien à rappeler cette unité dans la diversité ou cette diversité dans l’unité. Je dis « se prête particulièrement bien » parce que d’une certaine façon c’est chaque dimanche le cas ! Mais comme chaque culte est d’une certaine manière est une confession de foi dans son ensemble, je ne ressens pas chaque dimanche le besoin d’insérer – si je préside – ni d’écouter – si je suis assise dans les bancs – une confession de foi.

Par contre je suis convaincue de la fécondité, pour chaque personne, de prendre une fois le temps d’écrire une confession de foi, de mettre des mots sur cette relation personnelle avec Dieu, qui n’est pas toujours facile, qui connaît pour certain.e.s des hauts et des bas, des moments d’absence, des moments de colère ou d’amertume, de découragement, et des moments de joie. Si vous prenez la peine d’en écrire une, de mettre en mots qui est Dieu pour vous, vous verrez aussi que la démarche est féconde, tant pour vous que pour les personnes auxquelles vous pourriez choisir de le partager.