Toussaint
En tant que pasteur je suis témoin des sentiments exprimés par les familles lorsqu’elles perdent un parent. J'ai une place de choix pour observer la manière dont on parle de nos morts
La grande majorité des personnes en deuil, d’une manière ou l’autre, souligne les qualités de la personne décédée.
Notre culture s'est éloignée de ce moment qui consiste à cultiver le souvenir de celui ou celle qui est parti.
Nos horaires, agendas, obligations professionnelles et autres rendez-vous semblent avoir pris le dessus sur les choses les plus essentielles.
J’ai le sentiment que nos vies étaient autrefois plus orientées sur le lien avec ceux que nous aimions, sur l’importance d’arrêter le cours du quotidien pour penser, se rappeler et honorer ceux qui viennent de mourir.
Il est certain que l’épisode COVID a accéléré cette tendance.
Est-ce le sentiment d’anesthésie face à la mort provoquée par le spectacle continu de morts sur nos écrans ou l’injonction d’une psychologie de bazar à être tout à l’instant présent, toujours est-il que l’inéluctable sentiment de finitude, de la mort et de son souvenir disparait de notre vécu quotidien. Tout ceci laisse songeur quand on relit comment Jésus lors du dernier repas partagé avec les disciples leur ordonne de ne jamais laisser sombrer dans l’oubli ce dernier instant de communion...
Chaque année, le 1er novembre, les catholiques du monde entier fêtent la Toussaint.
L'origine de cette pratique semble remonter à 609, lorsque le pape Boniface IV consacre le panthéon de Rome à la vierge Marie et à tous les martyrs.
Alors que l'Église catholique a un processus officiel – et bien anachronique du point de vue protestant-- par lequel les défunts sont admis à la sainteté, les protestants ont une vision bien moins discriminante : sont appelés saints tous ceux qui ayant placé leur confiance dans le Christ sont en sa présence.
De ce que j’entends lors des cérémonies funèbres que je préside il existe bien plus de saints que l’on pense et en ce qui me concerne cela inclut ma mère et mon père qui dans mon souvenir ont mené une vie exemplaire dédiée à la justice et aux droits des plus faibles.
Je me dis qu’en fin de compte peut-être que la sainteté ne consiste à rien de plus que de tenter d’imiter les plus belles qualités de ceux qui nous ont précédés tout en essayant d’attiser l’étincelle de sainteté de ceux qui viendront après nous.
Richard Falo
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