Pour Halloween j’ai acheté des bonbons et chocolats à offrir aux enfants dont je comptais qu’ils viennent sonner à ma porte. Personne n’est venu me rançonner et depuis je mange bonbons et chocolats ce qui ne me rend pas vraiment service...

Les enfants dont je mange les bonbons étaient supposés venir sonner à ma porte déguisés en squelettes, momies et autres fantômes. Fut un temps où les gens croyaient réellement que les âmes des morts sortaient de leurs tombes et erraient dans les rues. Je ne connais plus personne qui croit sérieusement à de telles choses et pourtant nous marquons la présence de nos morts le 31 octobre.

Mon petit doigt me dit qu’Halloween est une des manières que nous avons trouvée de gérer l’insondable.

Se pourrait-il qu’un des projets de notre époque soit de séculariser le sacré ?

Pendant les années de peste bubonique, personne ne se serait hasardé à errer dans les rues la nuit déguisé en squelette. La mort était omniprésente et personne n’aurait pris le risque de prendre la chose à la légère comme nous le faisons aujourd’hui.

Le fait que nous puissions confier la mort et ses représentations à un jeu d'enfant me suggère que nous avons largement banni la mort de nos vies. Pas complètement, bien sûr car la mort fait encore irruption dans nos vies et parfois les brise. Mais de plus en plus nous faisons d’elle un état imaginaire et distancé.

J’ai le sentiment d’une sécularisation généralisée du sacré.

L’expression « abracadabra » en est l’exemple parfait : ab signifie Père, ben signifie Fils, et ruach signifie Esprit – en d'autres termes, la Sainte Trinité est invoquée pour signifier une transformation magique et radicale comme lors de la transformation des espèces pendant la liturgie eucharistique.

Notre époque a domestiqué la sauvagerie du mystère. Nous n'avons plus à le comprendre et nous nous débarrassons de son pouvoir sur nous.

Tout comme la mort et son mystère résumés à Halloween, le grand mystère de la résurrection à Pâques a été réduit à du chocolat coulé dans des moules en forme de lapins.

Le miracle de l'incarnation à Noël se transforme en guirlandes accrochées à un sapin en plastique et je me dis que Disney a bien réussi son coup en pillant le dépôt de la foi pour le transformer en jeux d’enfants et en dollars.

Richard Falo