Pharisiens et collecteurs d'impôt
"Jésus raconta aussi cette parabole à certains qui étaient convaincus d’être justes et considéraient les autres avec mépris :
Deux hommes montèrent au temple pour prier, l'un pharisien et l'autre un collecteur d'impôts. Le pharisien, debout tout seul, priait ainsi : "Ô Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres : voleurs, adultères, ou même comme ce collecteur d'impôts. Je jeûne deux fois par semaine ; Je donne un dixième de tous mes revenus. ». Le collecteur d'impôts, qui se tenait au loin, ne levait même pas les yeux vers le ciel et se frappait la poitrine en disant : "Ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur que je suis ". Je vous le dit ce dernier est reparti chez lui justifié mais pas l’autre ; car tous ceux qui s'élèvent seront abaissés et tous ceux qui s'humilient seront élevés." Luc 18: 9-14
Il est difficile de croire qu’à l’époque de Jésus quelqu’un ait pu prononcer une prière telle que celle du pharisien.
C'est la prière d’un homme qui n'a besoin de personne ni de rien car il est déjà parfait en lui-même. Aujourd'hui de tels propos seraient considérée comme le comble du mépris de l'arrogance et de la fatuité.
La prière du pharisien n'a rien à voir avec celle que Jésus enseigne à ses disciples au chapitre 11 du même Evangile. Le Notre Père est entièrement centré sur Dieu, son nom, son royaume, sur notre besoin de lui pour le pain quotidien, le pardon et la délivrance.
Comment une personne comme ce pharisien peut-elle prier une telle chose ? De la même manière que certains croyants soutiennent des politiques de haine et xénophobes, la construction de murs entre le Mexique et les États Unis ou Israël et la Palestine. De la même manière que l’on voit des militants traditionalistes tenir des pancartes menaçant les homosexuels des foudres de l’enfer. De la même manière que l’on voit la droite évangélique porter aux pouvoir des hommes comme Trump ou Bolsonaro et des orthodoxes russes soutenir la politique de Poutine... Je m’arrête là !
La bigoterie n'a pas disparu après la publication du chapitre 18 de l’évangile de Luc.
Au cœur de la prière du pharisien – et de tout sectarisme – se trouve l'orgueil. Le collecteur d'impôts est considéré comme un traître par la communauté juive. Il coopère avec un gouvernement corrompu, il est à la solde de l’occupant romain. Son métier est suffisamment condamnable pour qu'il soit immédiatement qualifié de pécheur.
Le choc de la parabole tient au fait que celui que Jésus déclare justifié est celui que la société de l'époque considère avec mépris.
Le statut ethnique, religieux, ou social ne garantissent pas les faveurs de Dieu semble enseigner le Christ.
Ce que le Seigneur accepte, c'est un cœur rempli d'humilité, le genre de cœur que l'on trouve chez ceux qui ont ressenti la brûlure du mépris et la violence de l'orgueil.
Il n'y a pas de place pour l'orgueil humain dans la maison de Dieu parce que c'est le Seigneur et lui seul qui mérite d’être exalté.
L'étrange bonne nouvelle de la parabole est que le rôle du collecteur d'impôts est ouvert à tous. La parabole nous invite à faire l'expérience de la liberté quand on se débarrasse de la haute opinion que nous avons de nous-mêmes et que nous nous jetons dans les bras de Dieu. Ce dieu qui est déjà là, qui nous a déjà trouvés, qui veut plus que tout nous relever et nous ramener chez lui..