Quand le passé ne dicte plus mon présent
Poutine est l’exemple parfait du type prisonnier de son passé.
La doctrine kagébiste des années cinquante à laquelle il a été biberonné l’habite et on voit où tout cela le mène.
C’est un peu vrai de chacune et chacun de nous. Un groupe de parole que j’animais dans une maison de retraite l’illustrait à la perfection. Il y avait autour de la table un ex-enseignant qui aujourd’hui n'enseigne plus aucun étudiant, un ex-administrateur, qui n'administre plus rien, un ex- dirigeant d'entreprise ne dirigeant plus aucune entreprise, un pasteur n’exerçant plus de leadership dans aucun type de pastorat.
Accroché à une mémoire défaillante chacun se définissait en fonction de ce qu’il avait été ou avait réalisé. Je me souviens d’une personne, plus lucide que les autres, qui avait déclaré : « Je ne suis plus celle que j’ai été, je suis celle que je suis, c'est tout. »
Cela me rappelle cette voix attribuée à Dieu répondant à Moïse qui lui demandait qui il était : « Je suis celui qui est/sera » répondit Dieu en Exode 3 :14 dans une formule verbale dite « inaccompli » présent et futur à la fois.
Dans le texte hébreu ces mots apparaissent comme quatre consonnes "YHWH" auxquelles nous avons associé des voyelles afin de pouvoir prononcer le nom divin.
Et nous avons pris cela comme étant son nom, mais où est-il écrit que Dieu demandait qu’on lui donne un nom ?
En faisant d’un état une identité nous avons mis Dieu en boîte. Il sera désormais dûment catalogué, labellisé, étiqueté et nommé.
Peut-être étions-nous censés laisser ouverte l'identité de Dieu et accepter que Dieu est « celui qui est /sera » au temps de l’inaccompli. Au présent et dans l’avenir mais certainement pas comme dans le passé.
Dieu est qui il est à l’instant présent et pas ce qu’il était et je me dis que c’est bien réconfortant pour moi qui ne suis pas plus demandeur que ça d’être enfermé dans mon passé.
Richard Falo
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