Après-pandémie. Et maintenant ?
Après deux ans passés à composer avec le virus des voix en appellent à la vie d’avant. Nous verrons bien si l’après pandémie ressemblera à l’avant pandémie. Des millions de personnes ont réalisé qu’elles ne voulaient pas revenir à la vie d’avant, les vagues successives ont révélé la vacuité de nos existences quand elles sont gâchées par manque de recul sur le quotidien.
Il serait dommage de ne pas tirer de ces deux ans de pandémie des pistes qui orienteront l’avenir de nos Églises.
Pendant deux ans nous avons en quelque sorte éteint des incendies ici ou là en fonction des mesures sanitaires décidées d’une semaine à l’autre. La question qui se pose actuellement est de savoir comment passer d’une situation de crise à la pose de jalons qui détermineront notre manière de fonctionner les prochaines années. Tout dirigeant doit trouver les moyens de réfléchir à la suite compte tenu de ce qu’il a observé et appris de la pandémie.
La première observation est que les Églises ont fait preuve d’une agilité remarquable pour répondre aux défis immédiats des deux années écoulées.
Nous avons vu des Églises et des institutions religieuses s'adapter rapidement et de manière créative à la pandémie et aux mesures sanitaires qui s’imposaient à elles.
Les défis immédiats ont été si déstabilisants que pour certains l'impression d’avoir fait un séjour dans le tambour d’une machine est bien réel.
Dans un tel moment, il est important de chercher à reprendre souffle et de se rappeler que l’horizon de l’Évangile est un horizon à long terme.
Cette pandémie m’a conforté dans cette conviction que je ne suis pas tout-puissant, ni moi ni aucun de mes collègues ou institution. Je ne peux ni personne d’autre que moi tout faire. Le virus nous a bien rappelé à nos limites et limitations quant à tout ce qu’on peut accomplir « si on s’en donne la peine ». Sur ce point il a été le meilleur des pourfendeurs de cette méritocratie dont on nous a rabattu les oreilles jusqu’en 2019.
Si je ne puis tout faire, n’est-ce pas la fonction d’un dirigeant de se poser la question essentielle suivante : Qui sait faire mieux que moi – car à présent c’est sûr je ne peux TOUT faire-- ? D’autres questions pourraient être décisives alors que nous nous trouvons en période de transition entre une situation de crise et un retour « à la normale » :
Qu’avons-nous inventé comme stratégies pendant la pandémie qui s’avèrent payantes et que nous devrions poursuivre dans l’avenir ?
Qu’elle pratique ou activité avons-nous abandonnée sans que personne se plaigne de sa disparition ?
Quelle pratique ou activité sommes-nous soulagés de ne plus avoir à assumer et qu’il faudrait laisser en jachère pour quelques temps ?
Quelle innovation ou manière de faire adoptée pendant la pandémie mériterait d’être poursuivie et ancrée dans l’avenir ?
Trouver l'espace et le temps pour se livrer à cet exercice de prospective peut sembler impossible mais si nous n’en trouvons pas le temps, qui le fera ?
Et si en tant que responsables, occupés à organiser une sorte de reprise des activités « normales « nous n’avons même pas le temps pour réfléchir aux leçons de la pandémie, ce problème précis doit figurer tout en haut de la liste des problèmes à résoudre.
Le travail de leadership consiste à regarder vers l'avenir, puissions-nous nous encourager mutuellement à discerner les prochaines étapes, tout comme nous nous sommes mutuellement encouragés à répondre aux défis posés par la pandémie.
Richard Falo
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