Crise romaine: engageons une nouvelle traduction du Credo
La crise de crédibilité que traverse l’Église catholique romaine est d’une ampleur sans précédent. Si elle indigne légitimement de très nombreux catholiques de la base, elle ne laisse pas indifférentes les autres familles confessionnelles. D’abord cette crise pourrait donner à penser que les familles protestantes sont à l’abri des dérives romaines et que leurs ecclésiologies les protègent. Le scandale qui touche les baptistes du sud aux USA comme l’enquête de notre consœure Gabrielle Desarzens sur les milieux évangéliques romands montrent l’impasse de toute position de surplomb ou de contentement confessionnel.
Ensuite il est probable que les dégâts d’image de cette crise touchent le protestantisme réformé. À ne pas reconnaître qu’il y a une vraie et profonde différence entre l’église visible et l’Eglise invisible, la foi romaine ne tire pas les conséquences de la crise. Elle ne se préoccupe guère de voir les autres familles confessionnelles assimilées aux impasses de son ecclésiologie et de son cléricalisme, comme si le christianisme devait payer la note. Enfin il est possible que le départ de fidèles progressistes au sein du catholicisme renforce les courants conservateurs, fermés au dialogue œcuménique.
Chacun a encore en mémoire, le récent changement de traduction du Notre Père. Initié à Rome, puis ratifié en ordre plus ou moins dispersé par les Réformés. S’il est possible de changer la traduction du Notre Père, il doit être possible de changer aussi la traduction du Credo de Nicée-Constantinople. En tout cas l’article concernant l’Église. Je crois en l’Église, une, sainte, universelle et apostolique. Je ne sais pas ce qu’un fidèle catholique peut bien mettre derrière ces mots, qu’il récite (ou ne récite plus) à la Messe. Mais je peux aisément imaginer qu’il s’interroge sur le sens à donner à cet article de foi. Quand un protestant récite cet article, il n’est pas dans un plus grand confort sémantique et doit faire une forme de traduction mentale instantanée. Quand un agnostique ou un athée entend ce texte, que peut-il bien comprendre de la foi chrétienne, dans son rapport à l’Église ? Rien ou alors une vaste hypocrisie !
Il est temps de mettre en route une nouvelle traduction de l’article Église, dans le Credo. Une, sainte, universelle et apostolique: aucun de ces qualificatifs n’est pertinent ainsi traduit. Je propose une nouvelle version: «Je crois en l’Église, fondée sur l’annonce de l’Évangile, accueillant toutes et tous, au service du monde et se réformant sans cesse». L’esprit de l’origine est maintenu, mais rendu plus compréhensible et actuel. L’unité de l’Église réfère à l’Évangile, la source. La sainteté c’est l’accueil de toutes et tous. L’universalité est d’essence qualitative et non quantitative: un service au monde. Quant à l’apostolicité, c’est la vocation à se réformer dans la suivance du Christ, ce qui est la mission même des "envoyés" (étymologiquement les apôtres).