Une seule famille humaine. Les voies nouvelles du dialogue

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Une seule famille humaine. Les voies nouvelles du dialogue

11 juin 2024

Juifs, chrétiens, musulmans, hindous, bouddhistes, sikhs, bahaïs se sont réunis dans les hauteurs de Rome, pour une semaine de dialogue intense dans l’esprit de la spiritualité du mouvement des Focolari, du 30 mai au 4 juin. Dans un « temps de divisions, le dialogue compte », telle a été la maxime de ces jours, où j'ai élargi ma compréhension du dialogue.

Le fil conducteur de cette rencontre est la paix entre nous et avec la création. Comment concevoir une politique de paix ? Comment s’engager dans une économie de paix ? Et comment vivre la paix avec la création. Le groupe de 450 personnes provenant de 40 pays et de tous les continents a vécu une audience avec le pape François et s’est rendu également à Assise pour se mettre à l’écoute de la sagesse d’un autre François, le « Poverello » d’Assise.

 

Trouver de nouvelles voies par le dialogue

« Dialoguer veut dire écoute profonde, partage, confiance réciproque, pour apporter espérance et construire des ponts », explique Rita Moussalem, responsable du Centre pour le dialogue interreligieux des Focolari. Pour Antonio Salimbeni, co-responsable, « ces jours ont été un laboratoire de fraternité ».

Sur mon site internet, j’ai écrit plusieurs autres articles sur les divers thèmes de cette conférence. (voir ici). On y découvre la fécondité de la spiritualité des Focolari, vécue également, à divers degrés, par des personnes d’horizons très divers. La chose nouvelle – et surprenante – est en effet, que de personnes d’autres religions ont commencé à y adhérer. 

Margaret Karram, la présidente actuelle des Focolari dit sa reconnaissance à Chiara Lubich, la fondatrice de ce mouvement : « Elle nous a appris comment dialoguer et entrer en relation avec l’autre dans le plus grand respect, avec passion et détermination. A chaque rencontre, elle est revenue renforcée dans sa propre foi et édifiée par celle des autres ».

Arabe chrétienne, citoyenne d’Israël, M. Karram a elle-même a vécu intensément cette expérience. Elle est convaincue qu’il est possible de trouver de nouvelles voies par le dialogue. C’est même un devoir urgent auquel Dieu nous appelle. « Nous sommes ici ensemble pour vivre une famille humaine unique, dans sa grande diversité. Que ce congrès nous donne de partager nos expériences etd’ approfondir notre amitié » !

 

Rencontre avec le pape François

Le but de la visite auprès du pape François, le 3 juin, dans la salle Clémentine, était de lui présenter l’expérience que nous venions de vivre. Celui-ci a exprimé sa gratitude pour le chemin commencé par Chiara Lubich avec les personnes de religions non chrétiennes qui partagent la spiritualité de l’unité, « un voyage révolutionnaire qui a fait beaucoup de bien à l’Église », et « une expérience animée par l’Esprit Saint, enracinée, pouvons-nous dire, dans le cœur du Christ, dans sa soif d’amour, de communion et de fraternité ».

Il reconnait que c’est l’Esprit qui ouvre des « chemins de dialogue et de rencontre, parfois surprenants », comme en Algérie, où est née une communauté entièrement musulmane adhérant au Mouvement.

Le pape voit le fondement de cette expérience dans « l’amour de Dieu qui s’exprime à travers l’amour réciproque, l’écoute, la confiance, l’hospitalité et la connaissance mutuelle, dans le respect de l’identité de chacun ».

Avec les non-chrétiens qui partagent et vivent certains traits de la spiritualité des Focolari, « nous dépassons le dialogue, nous nous sentons frères et sœurs, partageant le rêve d’un monde plus uni, dans l’harmonie de la diversité », dit-il. Ce témoignage est une source de joie et de consolation, surtout en ces temps de conflit, où la religion est souvent utilisée à mauvais escient pour alimenter la division. (Voir le discours complet ici)

Après son discours, le pape a généreusement donné de son temps pour saluer personnellement chaque participant. J’ai pu lui dire que j’étais pasteur dans l’Église réformée et volontaire du mouvement des Focolari, actif dans les dialogues œcuménique et interreligieux. Quand je lui ai aussi dit que je collabore à l’initiative JC2033, il m’a donné un grand sourire et m’a dit « Avanti ! ».

 

« La Porte de la spoliation »

Le mouvement des Focolari veut allier dialogue et annonce de l’Évangile. Après l’audience, une visite de lieux significatifs de Rome a permis de découvrir le témoignage chrétien de la ville, en particulier la basilique Saint-Pierre et le Colisée, lieu du martyre des premiers chrétiens.

Cette même démarche a été vécue le lendemain à Assise. Après une table ronde, le matin, sur le thème de la paix et de la création, l’après-midi a commencé par une visite de la « Porte de la spoliation » avec Mgr. Domenico Sorrentino, évêque d’Assise. C’est le lieu où Saint-François s’est dépouillé de ses vêtements devant son père et les notables de la cité et où il a été « spolié » de son héritage paternel.

L’évêque nous explique que le dépouillement est un concept important pour les chrétiens. Il fait comprendre ce qu’est l’amour, qui ne se met pas en premier. « Pour accueillir l’autre, je dois renoncer à moi-même ; c’est aussi la condition d’un vrai dialogue », dit-il.

Il propose ensuite un petit pèlerinage silencieux où chacun se demande à quel renoncement Dieu l’appelle pour qu’il soit encore plus au service de Dieu et des frères et sœurs. J’ai vécu ce moment intensément, et cette prière a continué à m’habiter durant le reste de cette journée.

 

Dans le « Jardin de François ».

Après la visite de la Basilique de Saint-François, le groupe se rend dans le « jardin de François », au pied d’un clocher « interreligieux », avec les symboles des diverses religions : la croix, l’étoile de David, le croissant, la roue du Dharma.

Le « Cantique des créatures » de François d’Assise – « Loué sois-tu, Seigneur » – est alors lu en trois étapes : Louange pour les êtres inanimés, pour les êtres animés et pour les êtres humains. Après cette prière, un « pacte de fraternité » est proposé et nous sommes invités à nous tourner vers la personne à notre côté. A un ami juif, je dis alors les paroles du Psaume 133 : « Hiné mah tov ou mah nahim » …et celui-ci me répond « shevet achim gam yachad » (« Voici, il est bon et agréable pour des frères de demeurer ensemble ») !

Durant ces jours des semences ont été semées ! Qu’elles grandissent en nous et entre nous et que la fraternité que nous avons vécue s’élargisse à beaucoup d’autres !

Image: "Dans le "jardin de Francois", à Assise

Autres articles sur ce congrès : https://www.hoegger.org/article/une-seule-famille-humaine/

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