« Passe-Covid » et participation au culte dominical
Non, le « passe-Covid » n’est pas la « marque de la bête », comme certains voudraient nous le faire croire, même s’il obéit à une logique analogue : « La bête oblige tous les êtres … à recevoir une marque » (Apoc 13,15-18).
Tous ceux qui voudront entrer dans un restaurant, un musée, une bibliothèque, participer à un événement, etc… devront montrer la marque du « code QR » ! Et en France, même pour entrer dans certains centres commerciaux : « Si quelqu'un veut acheter ou vendre quelque chose, il doit porter une marque » (v. 17) !
Pour obtenir ce sésame en Suisse, ceux qui n’ont pas reçu les deux doses de vaccins ARNm contre la Covid-19, devront payer de leur poche un test antigénique ou PCR, dès le 1er octobre.
Ce n’est pas le lieu de discuter ici sur la nécessité ou non de se faire vacciner. L’essentiel est que chacun soit responsable de son choix et respecte celui de son prochain. S’il choisit de ne pas le faire, qu’il mette tout en œuvre par d’autres moyens prophylactiques pour ne pas devenir un vecteur du virus !
En ce qui concerne la vie de l’Église, les communautés vont s’organiser et demander un « passe » pour leurs activités de plus de 50 personnes, puisque telle est la limite que le Conseil fédéral a fixée.
« Sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre »
J’estime toutefois qu’une seule activité ecclésiale devrait obéir à une autre logique.
Il s’agit du culte dominical.
Faire entrer le culte dominical dans cette logique du « passe sanitaire » nous mettrait en contradiction avec notre vocation. Car la foi chrétienne dit que, lors du culte, le Christ mort et ressuscité pour tous est au milieu de nous et appelle chacun à le rejoindre, notamment durant la sainte cène : « Venez ! Prenez de quoi manger, c'est gratuit » (Esaïe 55,1)
Le culte dominical est le cœur de la vie de l’Église. Le rendre payant pour une partie de l’assemblée - celle qui devrait payer un test – contredirait l’essence de la foi chrétienne.
Le rendre payant tomberait sous le reproche de Paul aux chrétiens de Corinthe qui n’avaient pas d’égard les uns pour les autres au moment du repas du Seigneur. Il les appelle à « discerner le Corps du Christ » autant dans le sacrement que dans le frère et la sœur pour qui le Christ a donné sa vie (1 Cor 11,17-33).
Dès les origines, les chrétiens ont affirmé que « sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre ». Cela a été la réponse des 49 chrétiens d’Abitène au proconsul romain, une ville située dans l’actuelle Tunise. Ils avaient transgressé l’interdiction de célébrer l’eucharistie et ont été mis à mort pour cela. Comment peut-on imaginer rendre le dimanche payant alors que ces martyrs avaient payé de leur vie pour célébrer le Ressuscité ce jour-là ?
Comment ne pas penser aussi, toutes proportions gardées, à la Déclaration de foi de Barmen rédigée en mai 1934 par des théologiens comme Karl Barth et Dietrich Bonhoeffer luttant contre les exclusions que le régime national socialiste était en train de se mettre en place. Texte prophétique qui affirme que « l'Église chrétienne est la communauté des frères et soeurs dans laquelle Jésus-Christ présent agit comme Seigneur, par le Saint-Esprit, dans la Parole et les Sacrements…Elle n'appartient qu'à lui seul et elle vit et voudrait vivre uniquement de la force qu'il donne et de ses enseignements dans l'attente de son retour ».
Ce passage du document « Baptême, eucharistie, ministère », texte œcuménique le plus publié au monde, rappelle également cette vérité centrale de notre foi :
« La célébration eucharistique présuppose la réconciliation et le partage avec tous, regardés comme frères et sœurs de l'unique famille de Dieu ; elle est un constant défi dans la recherche de relations normales au sein de la vie sociale, économique et politique. Toutes les formes d'injustice, de racisme, de séparation et d'absence de liberté sont radicalement mises au défi quand nous partageons le corps et le sang du Christ… L'eucharistie entraîne le croyant dans l'événement central de l'histoire du monde. Comme participants à l'eucharistie, donc, nous nous montrons inconséquents si nous ne participons pas activement à cette restauration continue de la situation du monde et de la condition humaine » (Eucharistie §20).
Quelques propositions
Je prie pour que les Conseils paroissiaux des Églises réformées discernent la bonne décision à prendre.
Il y a plusieurs possibilités pour éviter de rendre le culte payant : organiser deux cultes le dimanche, réintroduire le quota de maximum 50 personnes avec un tournus, comme cela a été fait en hiver et au début du printemps dans certaines paroisses.
Mais cela n’est sans doute pas satisfaisant.
Ma suggestion est de rembourser le prix du test antigénique ou PCR aux personnes qui ont dû le faire pour participer au culte. Ou, pour le moins, que les paroisses fassent savoir que si quelqu'un ne peut pas participer au culte à cause du coût du test, il peut obtenir une aide financière.
Tous ne demanderont pas un remboursement (peut-être même la majorité), mais sur le principe il est, à mon sens, très important de faire cette offre.
Nous laisserons ainsi la table du Seigneur ouverte à tous, sans condition autre que de « discerner le Corps » (1 Cor 11,29) et nous pourrons annoncer sans restriction aucune : « Venez ! Prenez de quoi manger, c'est gratuit » !
Que le Christ ressuscité nous inspire pour le mettre en premier et faire nôtres les choix qu’il a faits ! Nous lui appartenons à lui seul et en lui nous nous appartenons les uns aux autres.
Kyrie eleison !
Mise à jour du 28 août 2023
Par un courrier du 4 juillet 2023, l'Office fédéral de la santé publique estime que, suite à trois ans d'observations, la vaccination "ne protège que peu et brièvement contre l'infection et contre les maladies symptomatiques légères à Covid-19. De plus, elle ne peut guère protéger contre la transmission du virus".
Les mesures telles que le "Passe-covid", sans aucune base scientifique, étaient donc totalement inutiles!