Trop serré, ça tient moins chaud !
« Passer notre amour à la machine », chante Alain Souchon, « pour voir si les couleurs d’origine peuvent rev’nir ». Là je ne pense pas d’abord à la couleur. Je pense à un amour rabougri, à un avenir rétréci. Rétréci ? ben c’est quand on nous présente la Terre presque fichue, restrictions, inflation, guerre qui vient boucher l’horizon et jette dans le malheur absolu des peuples entiers. C’est quand l’impuissance nous étouffe. C’est quand il ne fait pas bon être jeune sur cette planète au bord de l’implosion. De quoi entrer dans la plainte, dans la crainte, l’angoisse, même : espace tout petit dans lequel c’est presque impossible de se mouvoir, de se redresser, de penser. Sans parler de rêver, d’oser, de créer ou de lutter ! Là c’est inutile, au moins autant qu’essayer de passer un pull en laine qui vient de subir soixante degrés au lavage ! Et pis soixante degrés c’est trop chaud, il ne faut plus, na !
Décembre 22 : l’espoir grelotte, l’espérance a les pieds gelés. Mais n’acceptons pas de passer nos cœurs à la machine ! Ni de vivre dans des vêtements d’humanité étriqués « parce que les temps sont durs, c’est ainsi, ça pourrait même empirer ! » Hé ! Il y a des gens qui luttent, des projets, de la créativité, des jeunes qui en veulent et qui ont besoin de nous, de toutes les forces possibles. Il y a des trouées d’espérance, des prises de conscience. « Oui, mais c’est lent, trop long, on n’y arrivera jamais, c’est trop dur, etc… » Stop à ces phrases qui rétrécissent. Certes, c’est dur, ce n’est pas marrant, nous ne pouvons pas empêcher la guerre dégueulasse, la pauvreté, la bêtise. Mais nous pouvons quand même nous revêtir de belle humanité : encourager, soutenir, rester constructifs, nous réjouir. Rester au large, ouverts à celles et ceux qui n’ont vraiment pas les moyens de s’offrir une vie à la bonne taille. Ne passons pas à la machine les vêtements d’humanité des autres, surtout pas les sweatshirts de courage des jeunes qui préparent un monde meilleur. Utilisons notre énergie pour faire avancer et grandir la vie, pour réchauffer l’espérance, celle-là ne se gaspille pas ! La promesse de Noël est vivante, elle ne s’emballe dans un cadeau ficelé, même beau ! Elle avance, elle passe par nous, mieux encore quand nous nous bougeons. Et puis trop serré, c’est inconfortable, et ça tient moins chaud. Vous l’avez constaté avec un pull ? Pour notre cœur c’est sûr : même constat !