Le petit roi
Jésus le petit roi
de la crèche voit
ce monde sans pitié
qui saigne et ne daigne
arrêter le massacre
de ses propres enfants
Corps pendus d’une jeunesse
qui ne peut se taire
justice inique d’un royaume persan
Femmes rouées de coups
violentées, édentées
oubliées dans un fossé chez nous, chez eux
Enfants perdus, errants,
corps-objet qu’on s’échange sans un regret
enfants à qui on tend un fusil
Jésus le roi des rois
Ne peut se contenter
de la trêve de Noël
et de sa ribambelle de cadeaux
et de dindonneaux
Son visage se lève
Sur la haine
Et découd les ourlets de misère
Sa parole retisse chaque fil
de dignité outragée, ensanglantée
Hémorragie à arrêter
sous peine d’anéantissement
Tapisserie inachevée
d’une planète aspirant
à un équilibre retrouvé
Le petit roi se lève sur la paille sèche
Chaque âme est une reine
Qui n’a pas de prix et luit
dans la nuit
étoilée.