Gérer les choses, c’est les restituer à qui de droit

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Gérer les choses, c’est les restituer à qui de droit
Gérer les choses, c’est les restituer à qui de droit

Gérer les choses, c’est les restituer à qui de droit

Par Jean-Pierre Thévenaz
25 juin 2021

Quand Jésus intervient dans l’économie du monde, c’est avec l’autorité royale qui l’a oint du titre de «Christ», mais sans prendre d’autres outils qu’une invitation à ses fidèles : opérer un retour, faire restitution, voire abandon de créance, vu que les choses du monde ne leur appartiennent pas. Notre économie de propriétaires a donc encore beaucoup à apprendre de lui, puisqu’avec lui nous cesserons de nous soucier seulement de gérer nos intérêts.

Son premier appel était : «Redémarrez», «repartez à zéro», «faites retour»! Et son appel plus immédiat à l’économie : ces pièces de monnaie à l’effigie de Tibère César, faites-les retourner à ce César, tout comme les biens de Dieu doivent retourner à lui, à leur source.

Ce n’est pas d’une conversion idéologique qu’il s’agit, mais d’une restitution, qui nous fait «revenir» à notre origine avec nos biens, comme plusieurs prophètes y appelaient déjà. Ainsi s’exerce aussi la royauté économique dont Jésus vient marquer l’avènement. Et il ajoute : «A qui te demande, donne ! Et à qui te prend, ne réclame pas ton bien !» (Luc 6,30).

Notre économie doit vivre sous une autre loi : au moment de restituer à leurs auteurs les biens de Dieu et ceux de César, quel attachement montrer pour ce qui est encore à nous, provisoirement ? La gestion de nos biens et de nos ressources se fait modeste lorsque la maison gérée revient à un tiers invisible. Les survivants appauvris qui quémandent ou chapardent ont, dans cette maison de Dieu, la priorité sur la préservation de notre patrimoine.

Et Jésus d’expliciter selon Luc ici-même : «Comme vous voudriez que les gens vous fassent, faites-leur de même! » (v. 31). Car c’est le temps de la convivialité et du partage, de cette manière intelligente de gérer une économie vivante et vitale pour nous et d’autres que nous.

Certes, il a fallu des siècles, deux millénaires, pour approcher peu à peu de cette réalité conviviale. Mais ce n’est pas un signe de faiblesse si aucun miracle ni geste merveilleux n’a eu lieu, au milieu d’une économie mondiale de propriétaires arrogants : il y a eu la fidélité de personnes de confiance, interpellées par Jésus au nom de sa royauté cachée. Ainsi, de génération en génération, chaque fois avec de nouveaux outils, on a progressivement appris à y entrer.

L’heure de la convivialité n’a cessé de sonner, toujours la première ou la dernière heure, appelant à la restitution prioritaire des biens à leur origine, envers et contre toute autre prétendue priorité. Nous retirons alors notre main, notre poing serré, notre geste arrogant d’emprise sur les choses : ces choses dites «à toi», un autre peut en avoir vitalement besoin. Tu les gères aussi quand tu donnes et ne réclames pas, tu gères ainsi le bien commun et partagé de tout un peuple.

Or il est universel, ce peuple : il n’est plus limité seulement à la famille juive du temps de Jésus, mais est vite devenu une famille internationale, œcuménique, de toute la «terre habitée» connue – et planétaire aujourd’hui ! Il est temps pour nous de mettre à son service notre imagination de fidèles interpellés : jusqu’au bout du monde, des voix crient pour demander – et nous n’avons pas encore donné, investi, rendu productifs ces biens qui ne viennent pas de nous.  

  • Page 15 du blog 2020-21 L’économie gouvernée du dehors… comme nous !