Cadeau professionnel pour une année nouvelle
Très significatifs, ce tissu et ce récipient ! C’est bien langé et couché dans une mangeoire que l’enfant est annoncé par l’ange de Noël. Et à son tour, Jésus lui-même, lorsqu’il est interrogé et veut indiquer la nouveauté qu’il apporte, présente deux produits semblables de l’activité professionnelle humaine : une étoffe neuve et un flacon neuf. Son cadeau se résume ainsi : «A vin nouveau flacon neuf !» (Marc 2,22). Les années qu’il a inaugurées seront toutes comme des flacons neufs, fabriqués tout exprès pour son vin nouveau.
Les produits innovants ne sont pas que des promesses de profits ou des exercices d’habileté technique : ils visent à rendre possible un geste précédemment impossible, à traduire une efficacité créatrice dont la source peut, si l’on regarde bien, remonter aux guérisons de Jésus. Rendre présente une force absente, c’est son geste créateur, qui gouvernera aussi nos pratiques économiques, si nous le voulons bien.
Ce qui relève du Créateur «pour les siècles des siècles», la tradition l’a appelé «le règne, la puissance et la gloire», autrement dit une efficacité, un empire et un éclat universels. Or cette merveille commence très petite dans la force créatrice de nos innovations. «Une pièce d’étoffe neuve, personne ne va la coudre sur un vieil habit, car elle tirerait et le déchirerait plus gravement encore !» (Marc 2,21).
Le vin nouveau de la guérison qu’apporte notre thérapeute Jésus ne tiendrait pas longtemps dans un vieux récipient mal bouché ou déjà fissuré ; car il fermente et il presse ! Les deux comparaisons utilisées par Jésus incitent à la prudence et à la perspicacité professionnelles : pour un tissu neuf comme pour un vin nouveau, il faut un geste inventif et ingénieux. C’est de cela que sera faite notre nouvelle année, si nous sommes prêts à y voir débuter quelque chose de grand, de plus grand.
Mais attention à vos manipulations, à vos tentatives illusoires de récupération du vieux dans le neuf ! Vous risqueriez de rater votre année… Ni raccommodage ni récupération de flacons n’entrent aujourd’hui en ligne de compte : il faut du neuf ! Et beaucoup de gens s’en réjouiront dans tout le peuple, comme l’ange l’a promis à Noël et comme les prophètes l’avaient promis longtemps auparavant. L’apaisement guérisseur vient, c’est promis, parce que l’efficacité divine veut du bien aux humains. Mais qui en est reconnu porteur ?
Les traditions relationnelles fissurées vont s’y déchirer : ne vous y fiez plus. Et que la peur ne bloque pas votre imagination : c’est le temps de recevoir de Jésus du neuf.
L’amour, la confiance, l’espoir, le soin, le partage, la vigilance : rien de tous ces cadeaux éthiques salvateurs de Jésus ne peut commencer sans qu’on ait d’abord quitté les anciens récipients de nos existences pratiques. Jamais personne n’aurait idée de procéder autrement avec une étoffe neuve ou un vin nouveau, d’ailleurs…
Page 12 du blog « Economie gouvernée du dehors – comme nous »