Partager nos ressources, le défi lancé

Partager nos ressources, le défi lancé / Petits pots pour ressources
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Partager nos ressources, le défi lancé
Petits pots pour ressources

Partager nos ressources, le défi lancé

Par Jean-Pierre Thévenaz
18 novembre 2020

Il y a des moments où la réponse aux besoins de base d'une population fait appel aux forces engagées de chacun, et nous en sommes actuellement là. Il faut pour cela une autorité décisive, des ressources à partager, mais également un éveil de la vigilance et de l'engagement de chacun. Notre thérapeute Jésus, un soir, avait près de lui des milliers de gens à rassurer et à garder réunis malgré la faim, et il s'est permis de dire à ses amis : «Donnez-leur à manger vous-mêmes !» (Luc 9,13) - Et eux de réagir perplexes, comme nos économistes et nos marchands : «Nous n'avons ici que 5 pains et 2 poissons… à moins d'aller acheter de quoi nourrir ce monde.» - Mais Jésus, calmement : «Faites-les asseoir !»...
On se croyait dépourvu, on accumulait les doutes, on peignait le diable sur la muraille, on ne se sentait pas disponible. L'invitation à se montrer responsable retentit pourtant, et vous-mêmes, vous serez ceux qui direz oui ! Car cette population près de vous a besoin de s'asseoir et de partager les ressources demeurées cachées.
A l'heure de la crise actuelle aussi, les populations du monde entier ont besoin de s'asseoir et d'être restaurées. Nous n'avons pas les ressources pour toutes et tous, mais Jésus met simplement en route le mécanisme du partage et du don, et c'est à une autre force qu'il fait appel pour leur multiplication, mystérieusement efficace. Dans les narrations de son temps, cette force s'appelle bénédiction et fraction (pas rupture : le pain n'est pas rompu, mais découpé et fractionné). Notre temps racontera cela différemment, mais peu importe : l'acte de donner et de partager entraînera un rassasiement.
La crise est rude : devrons-nous faire des miracles pour réussir ? C'est là que Jésus, notre thérapeute, a osé : «Faites-les asseoir !» Jésus est persuasif : s'il fait ainsi installer le monde, c'est qu'il y aura de quoi. Mystère sur le comment ! Nos sociétés européennes ne sont évidemment pas appelées à fournir toutes les ressources pour le monde entier, ni à déclencher un miracle, mais bel et bien à fractionner et partager, à lancer le mouvement. A elles seules, elles sont dépositaires et gestionnaires de ressources supérieures à 5 pains et 2 poissons. Chacun n'est invité par Jésus qu'à mettre sur la table le petit peu qu'il se préparait à consommer seul.
Quand on apprend cette fraction, quand on la reconnaît possible, elle se répétera : des ressources cachées apparaîtront, Dieu sait d'où, et se partageront. Notre vie économique et sociale est ainsi faite : elle n'est pas seulement affaire d'additions et d'accumulations, mais parfois aussi de fractions, divisions et répartitions. Et cela lui fait produire une multiplication de pains et de poissons, dès lors que quelqu'un aura commencé l'échange et le partage de ses propres ressources, que ce soit sous forme de crédits exceptionnels, d'aumônes, de revenus inconditionnels, d'investissements à fonds perdus ou de crowdfunding...
Au départ, on éprouvait un manque ; à la fin, on laisse des surplus, dans la narration de Jésus. Défiée et gouvernée du dehors, l'économie peut accueillir, percevoir et recevoir le défi surprenant d'approvisionner le monde.


      • Page 11 du Blog "L'économie gouvernée du dehors, comme nous"