Un signal pour une génération tordue, dit Jésus!
«Stop avant le choc», s’écrie la prévention sur nos routes : «arrêtez-vous, ralentir ne suffit pas !». Préférez-vous devoir vous arrêter pour affronter la crise ou plutôt pour la prévenir, voire carrément pour passer au-delà de la crise ?… Ou êtes-vous de ceux qui ne se laissent jamais arrêter, comme ces irresponsables de son peuple dont Jésus disait, comme avant lui Moïse, qu’ils sont une «génération tordue» ? Lui, face à eux, intervenait clairement en prophète pour passer au-delà de la crise : «L’Humain va devenir un signal pour cette génération !» (Luc 11,30 – voir Deutéronome 32, 5 et 20).
«Elle cherche stupidement des preuves, cette génération tordue», avait dit Jésus : elle veut des faits qu’elle puisse toucher ou qui la touchent ! Mais pour l’heure il n’y aura rien d’autre qu’un signal de l’Humain : écoutera-t-elle ou pas ? Arrêtera-t-elle ses fonctionnements préréglés pour laisser survenir cet Humain qui s’annonce ? Telle est toujours l’intervention de Jésus : stopper, faire sortir, faire servir et marcher, soigner, partager et veiller – l’Humain est à ce prix ! Et cela par-delà les crises, comme le soleil par-delà les nuits !
Les vieilles promesses paternelles sont alors réveillées : «Vous repartez à zéro, dit le Seigneur, et je repartirai à zéro !» (Zacharie 1,3). Ainsi aujourd’hui, au moment de reprendre le cours de nos activités, est-ce qu’on va laisser quelque chose s’arrêter au profit de l’Humain ? Pas simplement au profit de la santé : sans la minimiser, on doit l’englober dans une plus large intégrité de la vie, au service de laquelle toutes nos activités doivent se plier.
Précieux, certes, ce printemps où la santé a obtenu priorité ! Mais si ensuite l’on s’en tient à devoir demander ou fournir des preuves ou d’autres faits définis comme prioritaires, jamais l’intervention de Jésus ne sera prise au sérieux. Pour prioriser le service intégral de la vie, il n’y a pas à attendre d’autres preuves ni urgences que tous les signaux déjà brandis : «Stop avant le choc !»… Et repartons à zéro !
Les objectifs intégraux de l’Humain sont ceux de toute bonne gouvernance ou efficacité, «royauté» ou «paternité» pour user des anciens vocabulaires personnalisants : nos activités doivent accueillir la vie et la laisser travailler, partager convivialement des moyens de vivre, nous éviter à toutes et tous de dépérir, trouver du sens et exprimer de la reconnaissance. Nos mécanismes économiques ont beaucoup à apprendre et à mettre en pratique s’ils se donnent effectivement une telle «durabilité» pour objectif des investissements, comme on le lit aux dernières nouvelles. Les critères de gouvernance écologiques, sociaux et participatifs sont ici en jeu : rien d’étonnant à ce que l’Humain se décline si concrètement !
Mais qui pose et défend ces critères face à une «génération tordue» qui ne veut rien en entendre ? Dans les paroles de Jésus, référence est faite à un prophète, crieur public, et à un roi, sage gérant : deux voix qui se sont fait entendre autrefois dans le monde et que même la reine de Saba est venue saluer, comme Jésus le rappelle… Mais dans l’intervention de Jésus lui-même, toute la force de l’Humain s’incarne sans passer par une fonction sociale personnalisée : l’efficacité est celle du signal posé, au-delà de toute autorité médiatique ou gouvernementale, royale ou paternelle.
(Page 6 du blog 2020 : «L’économie gouvernée du dehors – comme nous»)