Blog Laisser travailler la vie - Travail en hiver 1
L’appel à affronter le stress du travail commençait par « Ne craignez pas ! » : c’était l’heure d’un commencement, début novembre, pour ce blog sur nos travaux.
La saison rurale ancienne arrivait à son terme au lendemain des récoltes, à la Saint-Martin, le 11 novembre : l’heure des paiements de loyers et d’hypothèques, l’heure des bilans et des budgets, l’heure des craintes et des espoirs.
Mieux parler de notre travail, c’est d’abord écouter ce qui remonte de nos bilans : l’automne annonce le froid, et on ne cesse de nous présenter le décompte des chiffres rouges de nos vies professionnelles. Crise de ceci, crise de cela, défis à relever, nous dit-on. Et le stress se renoue !
C’est là que résonne la voix de notre maître thérapeute, ce Jésus qui nous interpelle : « En vérité, je vous dis… » – et notre regard prend alors du recul sur toutes ces crises prétendues. Jésus connaît le mouvement des choses, mais propose un autre regard à leur sujet : à l’heure du froid, regarder les choses latentes plutôt que les choses manifestes. Autre chose va pouvoir commencer.
Laisser travailler la vie : le premier regard à porter désormais sur nos travaux, ce ne sont pas les chiffres rouges de nos bilans ni les défis de toutes nos crises, selon lui. « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas bon pour l’efficacité de Dieu »… (Pourquoi dire « Royaume de Dieu » ? Si Dieu règne, c’est qu’il est efficace !)
L’heure est aux insatisfactions, peut-être bien… – mais ce ne sont pas elles qui rythment nos travaux. L’heure est plutôt à respirer : non pas encore inspirer profondément, mais expirer lentement, pour bien entendre ce qui nous est dit : regardez en avant ! Laissez venir, dans l’économie telle qu’elle est (et telle qu’elle nous fait), les ouvertures où notre travail sera requis ! Et préparer le terrain pour elles, à l’image des labours, en rejetant les scories de l’an passé !
Quand sonne l’heure des bilans et des budgets, ce ne sont pas leurs chiffres qui font nos travaux : ils en sont juste la condition initiale, le point de départ d’une nouvelle année de travaux, et si nos insatisfactions parlent fort, elles retournent nos terreaux économiques et y révèlent aussi les potentialités de l’année qui bientôt s’ouvrira.
Ce n’est donc pas pour rien que les évêques responsables des Eglises antiques ont fixé un calendrier commençant quatre semaines avant le solstice d’hiver pour ce temps de préparation à une réussite annoncée, un «avent», une arrivée anticipée. Ainsi commence tout travail. Suite au temps de l’Avent !
P.S. : A l’heure d’envoyer ce blog, j’apprends le décès de notre collègue pasteur Guy Bottinelli de Lyon, fondateur des Equipes Ouvrières françaises et commentateur protestant des actualités économiques.