Une voix différente - Jonathan Franzen et le climat
Jonathan Franzen (1959) est un romancier et essayiste américain dont la réputation s’établit avec le livre Les Corrections, en 2001. Il est aussi un contributeur fréquent de la revue The New Yorker , dans la dernière livraison de laquelle, le 8 septembre, il publie un article intitulé « Et si nous cessions de prétendre? L’apocalypse climatique vient. Pour nous y préparer, nous devons admettre que nous ne pouvons l’éviter». Well…… Extraits:
«La bataille pour limiter les émissions de carbone a le parfum d’un roman de Kafka. Le but à atteindre est clair depuis trente ans et, malgré certains efforts, nous n’avons pour l’essentiel pas fait de progrès vers ce but. Aujourd’hui, les preuves scientifiques sont pratiquement irréfutables. Si vous avez moins de soixante ans, vous avez une bonne chance de voir les conséquences radicales de ce dérèglement : récoltes catastrophiques, incendies apocalyptiques, économies qui s’effondrent, inondations, centaines de millions de réfugiés fuyant des régions devenues inhabitables par la chaleur ou la sécheresse. Si vous avez moins de trente ans, vous avez la garantie de le voir. »
«Si vous vous préoccupez de la planète et des gens et animaux qui y vivent, vous pouvez réfléchir à la situation de deux manières. Vous pouvez continuer à espérer que la catastrophe peut être évitée et alors être de plus en plus frustré ou furieux de l’inaction du monde. Ou vous pouvez accepter que le désastre arrive et repenser à ce que cela signifie d’avoir de l’espoir.»
Dans la seconde partie de l’article, Franzen pose la question: «Que faire quand on a admis que la partie était perdue face au changement climatique?» Il ne croit pas qu’il ne faille rien faire. Il recommande de placer son espoir dans des objectifs plus facilement atteignables, dans le court terme, en s’impliquant dans des actions dans son environnement immédiat.
Il fait référence aux Jardins potagers pour les sans-abri de Santa Cruz, où il habite, et conclut. «Ces jardins changent des vies, l’une après l’autre, depuis près de trente ans. Un temps peut venir, plus vite que nous ne l’imaginons, où les systèmes d’agriculture industrielle et de commerce mondial vont s’effondrer et où les sans-abri seront plus nombreux que ceux qui ont une maison. A ce moment, une agriculture traditionnelle locale et des communautés fortes ne seront pas simplement des slogans libéraux (au sens US du terme = de gauche). La gentillesse à l’égard des voisins, le respect de la nature - maintenir un sol sain, gérer sagement l’eau, prendre soin des insectes qui pollinisent par exemple, seront des éléments essentiels face à la crise – et pour la société qui survivra(it). Les Jardins pour les sans-abri me donnent l’espoir que le futur, quoique sans doute pire que le présent, puisse être d’une certaine manière meilleur. Et cela me donne même de l’espoir pour le présent. »
Traduction Jean Martin / 11.9.19