Un Noël idyllique, vraiment?
Toutes et tous, nous ne nous réjouissons pas forcément de fêter Noël. Certains craignent ces fêtes qui promettent la joie et la convivialité, et sont souvent décevantes. D’autres se réjouissent car ils ont la chance d’être entourés d’une famille aimante. D’autres encore s’engagent dans des actions comme Noël autrement ou Noël pour tous… Beaucoup arrivent très fatigués à Noël, une sensibilité à fleur de peau, et l’ambiance s’en ressent… Une fois de plus, Noël ne sera pas idyllique.
Rêve et réalité
Le problème, c'est de mettre ensemble l'ambiance de Noël telle que nous l'imaginons et souhaitons, et l'histoire de Noël. L'une n'a pas forcément beaucoup à faire avec l'autre. L'ambiance que nous rencontrons partout en ce temps de Noël est un mélange compliqué. Tous nos efforts pour vivre une belle fête exprime notre souhait profond d’harmonie, de paix, de bienveillance, d'amour. C'est un désir profondément humain et légitime.
Nous voudrions tellement que tout soit au point à Noël, que tout le monde soit heureux … alors d'autant plus grande est la frustration quand nous n'y arrivons pas.
Une naissance menacée
Ce qui pourrait peut-être nous consoler, c'est que l'histoire de Noël, celle racontée par Luc et Matthieu, est tout sauf idyllique. Les conditions de la naissance n’ont rien de favorable. Le travail d’accouchement provoque douleurs et souffrances, inquiétudes aussi, la mortalité des mères qui accouchent ou des enfants nouveaux-nés devait être importante. A cela s’ajoute un contexte politique sombre. Le pays est occupé par les troupes romaines et le roi Hérode le Grand, en fin de règne, exerce son pouvoir de manière souvent violente et cruelle. Il fait massacrer les enfants de moins de deux ans à Bethléem. Marie, Joseph et l’enfant doivent s’exiler. A la mort d’Hérode, Joseph et sa famille retournent en Galilée, mais sous la menace que représente le pouvoir du fils d’Hérode, Archelaüs. Rien de très suave, rien de très rassurant.
Un grand bouleversement
Dans l'idyllique, il n'y a pas de place pour le bouleversement. L'idyllique exprime notre désir que tout reste comme avant. L’histoire de Noël parle d'un grand bouleversement. Dieu s'est fait homme. Il s’est fait proche de nous. Cela signifie : nous n'avons pas besoin de faire comme si nous étions Dieu. Dieu nous rejoint dans notre humanité, dans tout ce qu'elle a de précaire, de laid, d'imparfait. Nous n'avons pas besoin de faire des efforts surhumains pour être parfaits, pour avoir la plus belle fête de Noël possible, où tout le monde est heureux et vit dans l'amour, l'harmonie et la paix avec les autres. Nous sommes humains, et nous pouvons l'être, parce que Dieu est devenu homme. Nous pouvons accepter d’être parfaitement imparfaits. C'est ça le grand bouleversement de Noël.
Ne croyez pas que c'est si simple.
Nous ne pouvons pas mettre comme ça une couche de Noël sur nos vieilles habitudes et tout changer pour ce jour. Cette année encore nous risquons d’être un peu déçus de Noël.
Nous laisser bouleverser par ce Dieu qui vient à nous, c'est un long travail. Je crois que seul ce travail pourrait nous permettre d'avoir de belles fêtes : reconnaître nos limites, au lieu de stresser pour les faire disparaître. Accepter la réalité de notre vie sans avoir besoin de nous justifier et de paraître mieux que nous sommes. Je suis sûre que cette démarche rendra passablement plus facile l'harmonie, l'amour et la paix entre nous. Et nous aurons un peu plus d’humour
Alors, malgré tout : Joyeux Noël !