De quoi Protestinfo est-il le missionnaire?
«Never explain, never complain», telle est la devise prêchée depuis plus d’un siècle au sein de la monarchie britannique. Si la formule est belle, elle n’en est pas moins relative. Face à l’incompréhension cependant, il ne peut jamais y avoir trop de dialogue. À l’heure où un audit met à jour le décalage entre les attentes des Églises cantonales et la réalité professionnelle de notre mandat, commençons alors à construire quelques ponts, entre vos interrogations et notre travail.
Notre agence de presse, financée par les Églises réformées romandes, a de fait plusieurs missions. Passons rapidement sur le décryptage du fait religieux, dont on sait aujourd’hui combien il se retrouve dans nombre d’aspects de nos sociétés pourtant sécularisées. Ce rôle d’éclairage et d’expertise peut d’ailleurs sans autres s’apparenter à un réel service public, offert par les Églises réformées romandes pour le bien commun – le vivre-ensemble oserait-on même dire.
L’autre pendant de notre mission est d’informer sur l’actualité des Églises réformées romandes, et ce par le recours à un traitement journalistique «libre et loyal». La charte rédactionnelle de Protestinfo, adoptée par le Conseil de Médias-pro, le précise en ces mots: «L’indépendance de la rédaction est une condition essentielle de son activité; elle s’inscrit toutefois dans une solidarité lucide avec les Églises protestantes.» Or, c’est dans cette tension intrinsèque entre indépendance et loyauté que le bât blesse.
Depuis quelques mois en effet, l’agence fait face à de plus en plus de critiques au sein des directions des Églises réformées cantonales. En cause, des articles jugés trop critiques à l’égard de l’institution, et ce quand bien même aucune partialité n’était de mise. De fait, le bien-fondé du financement de ce service par les Églises est ré-interrogé au sein même des directions d’Église, certains allant même jusqu’à se demander si conserver Protestinfo ne s'apparenterait pas à une entreprise d’auto-sabotage.
Le sens de l’autocritique si cher aux protestants aurait-il atteint ses limites? Face aux difficultés des institutions ecclésiales, leur inquiétude est plus que compréhensible. Mais de quoi finalement Protestinfo doit-il être le messager? De chaque petite activité communautaire et locale, ou du cœur de ce qu’ont à offrir les Églises réformées? De leur rendez-vous annuel, ou des grands débats qui les habitent et des défis qui s'imposent à elles?
Avec l’érosion de la presse et les paginations souvent réduites comme peau de chagrin, une obligation s’est imposée à nous: parler de l’essentiel, de ce qui a vocation à toucher le plus grand nombre. Ainsi la foi réformée, dans ce qu'elle a de plus personnel et universel, nous apparaîtra toujours prioritaire face à l’agenda des paroisses romandes. Non par élitisme, mais parce que la valeur de ces Églises est avant tout dans l’Évangile dont elles témoignent depuis des siècles, tantôt puissantes, tantôt vulnérables. Le messager, pas plus que ces institutions, n’ont finalement leur destin entre leurs mains. Sachons remettre cela à Celui qui nous dépasse et nous rassemble.