L’immobilier, une ressource bienvenue pour les Églises

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L’immobilier, une ressource bienvenue pour les Églises

Joël Burri
10 avril 2018
Dans plusieurs Églises, les produits immobiliers permettent de financer une partie de postes. Mais à Zurich, plusieurs voix appellent à une politique immobilière plus sociale.

Photo: Le temple de Cornaux (NE), la rénovation de la cure attenante figure au budget 2018. CC(by-sa) Sinenomine2

«Les cures sont des biens immobiliers attractifs, mais cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas y accueillir par exemple des réfugiés», estime Hannes Lindenmeyer, président de la paroisse réformée du district zurichois d’Aussersihl, cité par le magazine alémanique «Bref». Il s’oppose à ce que l’Église ne fixe les loyers de ses biens immobiliers qu’en fonction du marché et envisage même de lancer une initiative ou un référendum à ce sujet, rappelle Cath.ch qui a repéré l’information. Alors que la Ville a adopté un règlement qui l’amènera à terme à proposer un tiers de son parc immobilier en logements à tarif préférentiel, l’idée que l’Église devrait s’aligner sur cette mesure fait son chemin.

«Avec les revenus des loyers, nous finançons aussi les activités de l’Église», rétorque toutefois Andreas Hurter, président du comité de l’association des collectivités ecclésiastiques de Zurich. «Dans le règlement, nous précisons justement que nous voulons examiner le système des loyers du marché en rapport avec les valeurs vécues en Église. On ne pense pas par là à un rendement maximum. Peut-être le mot loyers du marché est-il trop connoté?», s’interroge-t-il.

En Suisse romande aussi, les Églises financent une partie de leur mission grâce au rendement immobilier. C’est particulièrement le cas à Neuchâtel. «C’est le Synode (organe délibérant) qui a demandé que l’immobilier soit valorisé pour cela», précise Christian Miaz, président de l’Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN). «Nous avons notamment rénové des cures, et dans plusieurs d’entre elles nous avons fait plusieurs appartements, là où auparavant il n’y avait que le logement du pasteur.»

Quant à faire un usage social de ces biens? «Le Conseil synodal (exécutif) devrait en référer au Synode s'il avait un projet d'accueil des migrants, par exemple», explique Christian Miaz. Un projet allant dans ce sens a d’ailleurs déjà été évoqué: «Le Conseil synodal avait proposé au service des migrations du canton de Neuchâtel (SMIG) de louer et gérer une cure qui était restée vide, mais sa localisation n'était pas idéale», dévoile le pasteur.

«Notre situation n’est pas comparable à celle de Zurich, où l’Église peut compter sur l’impôt ecclésiastique», insiste Christophe Brügger, responsable des finances et de la comptabilité de l’EREN. «Nous avons toutefois comme politique de ne pas avoir des loyers très hauts. D’autant plus que nos premiers locataires sont les pasteurs ou les paroisses pour leurs bureaux et leurs salles de réunions. Par ailleurs, certains appartements sont loués à des personnes bénéficiaires de prestations complémentaires. D'une certaine manière, cela permet à l'EREN de soutenir les gens dans des situations précaires, même au travers de sa gestion immobilière.»

Globalement, les bénéfices dégagés par l’immobilier représentent environ 15% des produits de l’EREN. «C’est une politique qui permet de ne pas procéder à des diminutions de prestations et de conserver un certain nombre de pasteurs et diacres», souligne le comptable.