«Les femmes protestantes en Suisse», une organisation féministe?

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«Les femmes protestantes en Suisse», une organisation féministe?

Laurence Villoz
8 mars 2018
Aux côtés de nombreux groupes féminins pour l’égalité des droits entre femmes et hommes, l’organisme faîtier «Les femmes protestantes en Suisse» se bat depuis 1947

Photo: CC (by-sa) Raphaël Labbé

«Depuis la création de notre organisation, nous ne cessons de revendiquer les mêmes droits pour femmes et hommes. Cet objectif n’est toujours pas atteint», lâche Dorothea Forster, présidente des Femmes protestantes en Suisse. Créée en 1947, l’organisation faîtière regroupe environ 37'000 membres, dont des organisations féminines et des institutions ecclésiales. Son principal objectif consiste à promouvoir la place des femmes dans la société, au sein des Églises et dans les milieux professionnels, tout en les encourageant à affirmer leurs opinions.

«Personnellement, je me considère comme féministe dans le sens que je lutte pour l’égalité entre femmes et hommes. Non pas contre les hommes, mais avec eux», ajoute la présidente. Mais peut-on parler de spécificité protestante dans la lutte des femmes pour l’égalité? Pour Dorothea Forster, le fait qu’«historiquement, les protestantes ont toujours pu penser par elles-mêmes sans devoir se soucier de la hiérarchie» apparaît comme une caractéristique de cette confession.

De son côté, l’ancienne conseillère nationale Suzette Sandoz, membre du synode (organe délibérant) de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV) a toujours combattu le fait qu’on puisse être réduite à un groupe ou à un sexe. «En somme, c’est peut-être très protestant?» sourit-elle. «Je crois à la capacité individuelle de réflexion. Il n’est pas impossible que l’attitude individuelle soit influencée par la culture protestante, mais je lutte contre une catégorisation au nom d’une pensée religieuse. Mener des combats politiques sous une étiquette religieuse engendre une confusion absolue.»

Pour 2018, Les femmes protestantes en Suisse mettent l’accent sur le travail de «care», c’est-à-dire sur la prise en charge et les soins fournis aux personnes dépendantes. Des activités réalisées en majorité par des femmes, de façon rémunérée ou à titre bénévole. «De façon générale, nos combats sont les mêmes que ceux d’autres groupes de femmes, avec en arrière-fonds les valeurs transmises par l’évangile», souligne Dorothea Forster qui précise que l’organisation recherche constamment de nouveaux membres.