Malgré la sécularisation, les prénoms bibliques ont toujours la cote
Photo: CC (by-sa) Henry Burrows
«L'Europe occidentale s'est construite sur une base judéo-chrétienne très forte. Les lois d'antan n'autorisaient que des prénoms issus de l'évangélisation. On parlait alors du fameux ‘calendrier des saints’. C'est la raison pour laquelle jusqu'à ces dernières années, ce sont les prénoms bibliques qui représentaient le plus la société suisse», explique le psychanalyste Francois Bonifaix, spécialiste des prénoms. Pour la quatrième année consécutive, Noah arrive en tête du classement des prénoms les plus attribués aux petits garçons en Suisse en 2016, selon le classement annuel de l’Office fédéral de la statistique (OFS).
L’étude révèle que malgré la sécularisation, les prénoms bibliques ont toujours la cote, constate evangeliques.info. Chez les garçons, Gabriel, Luca, Elias, David et Samuel figurent également dans le top 10. Du côté des filles, Emma prend la seconde place suivi d’Anna à la huitième. «Le brassage culturel et le communautarisme en Europe amènent petit à petit ces données à évoluer», relève toutefois l’auteur du Traumatisme du prénom. «En France, Mohammed est le vingtième prénom le plus donné et le septième à Paris, Ile de France».
Le reflet d’un projetMais comment les futurs parents font-ils un choix parmi la multitude de prénoms à disposition? «On ne choisit pas un prénom simplement parce qu'il ‘sonne’ bien ou parce qu'il est à la mode. On le choisit parce qu'il est porteur des projets des parents sur cet enfant. L'être humain a besoin de nommer les choses pour qu'elles existent. Prénommer un enfant c'est le faire exister, c'est donner un sens à sa vie à lui, mais aussi à celle de ses parents. Il est le fruit d'un amour. Il est le résultat de deux êtres qui ont chacun un vécu à part puis en commun, et enfin un chemin à venir. Le prénom de l'enfant doit être tout cela».
Si le prénom du nouveau-né illustre le projet de ses parents, la carte des prénoms reflète une société sur une période donnée. «Les phénomènes de mode dans le choix sont des indicateurs de bonne ou mauvaise santé de cette société. D'ailleurs lorsqu'une crise économique frappe ou que des crises identitaires menacent, on se tourne vers ce qui rassure, vers les racines. Quand la société est multiculturelle, elle se distingue par le choix de ses prénoms presque dans un mode de communautarisme du choix du prénom», analyse le psychanalyste.