Des cas de harcèlement sexuel au sein de l’Église protestante allemande
Photo: CC (by) Denis Bocquet
(EPD/Protestinter) - En plein mouvement de libération de la parole sur les violences faites aux femmes, l’Église protestante d’Allemagne (EKD) a admis l’existence de tels abus au sein de ses propres institutions. «La sphère religieuse connaît également des cas de harcèlement et d’infractions contre l’intégrité sexuelle», a déploré Kristin Bergmann, responsable de l’égalité des chances de l’EKD, au mensuel «zeitzeichen» (numéro de février).
Cependant, contrairement aux actes de violence pénalement répréhensibles, les cas de harcèlement sont souvent difficiles à faire reconnaître, a-t-elle poursuivi. Ils peuvent survenir sous une grande variété de formes: «Harcèlement verbal, injures touchant au genre ou à l’identité sexuelle de la personne, violations des limites telles que des contacts non consentis ou le fait d’afficher des photos de pin-up au bureau.» Il n’existe pas de statistiques à l’échelle nationale sur la question, car ces incidents s’accumulent dans des cadres très différents sans jamais être dénoncés sur la place publique.
Le hashtag #churchtoo dénonce les agressionsEntre-temps, des centaines de femmes ayant subi des agressions ou des actes de violence dans la sphère religieuse ont publié leur témoignage sur Twitter sous le hashtag #churchtoo — en anglais pour la plupart. D’après le communiqué, une utilisatrice de Facebook aurait posté en allemand au mois de novembre: «#churchtoo nous aussi nous comptons par milliers». Impossible cependant de vérifier ce chiffre.
Eske Wollrad, présidente de la Fédération des femmes protestantes allemandes, a déclaré au mensuel que le silence sur les abus sexuels survenus au sein de l’Église tombait sous le sens. Dans les milieux religieux, le tabou sur les violences de ce type est tout particulièrement présent, car l’institution revendique la mission d’offrir à chacun asile et sécurité. «J’ai dans l’idée que le nombre des cas non déclarés de harcèlement et d’agressions est très largement supérieur au chiffre dont nous avons aujourd’hui connaissance.»
Le mouvement #metoo a fait suite aux accusations d’agressions sexuelles et de viols portés par des actrices envers le producteur hollywoodien Harvey Weinstein. Depuis, des milliers de femmes se sont emparées de ce hashtag pour dénoncer les violences et les humiliations d’ordre sexuel dont elles avaient été victimes.