La reconnaissance d’un jour férié musulman fait débat en Allemagne

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La reconnaissance d’un jour férié musulman fait débat en Allemagne

2 novembre 2017
Le leader des Verts allemands Cem Özdemir ne voit pas d’urgence à établir un jour férié national pour les fêtes musulmanes
De son côté, Thomas Sternberg, le président du Comité central des catholiques allemands, se montre prudent.

Photo: Fête de l'Aïd al-Adha CC (by) Humanitarian relief foundation

Bonn (EPD/Protestinter) — Cem Özdemir, leader du parti des Verts, considère qu’il n’y a pas lieu d’instaurer un jour férié musulman en Allemagne. «Je ne vois aucune urgence à agir. Les musulmans peuvent d’ores et déjà prendre un jour de congé pour célébrer leurs fêtes», a-t-il déclaré au quotidien «Passauer Neue Presse». Thomas Sternberg, président du Comité central des catholiques allemands (ZDK), s’est lui aussi montré prudent: «Si des réglementations permettant de célébrer des fêtes islamiques étaient introduites dans les régions comptant une forte population musulmane pratiquante, cela ne porterait nullement atteinte à la tradition chrétienne de notre pays. Pour ma part, je n’ai pas réclamé l’instauration d’un jour férié officiel pour les musulmans, et je n’ai pas l’intention de l’encourager».

Thomas Sternberg précisait là certaines de ses déclarations précédentes sur la question. Dans une autre interview avec le «Passauer Neue Presse», il avait exprimé sa sympathie pour des réglementations plus favorables aux musulmans vis-à-vis des jours fériés. Comme le Comité central des catholiques allemands l’a confirmé à l’agence de presse protestante EPD à Bonn, les paroles de son président ont suscité de vives protestations internes, parfois d’une violence excessive.

Cem Özdemir et Thomas Sternberg ont ainsi pris position dans un débat ouvert suite aux déclarations du ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière (CDU). Le 9 octobre dernier, lors d’un meeting de son parti à Wolfenbüttel (Basse-Saxe), ce dernier avait déclaré qu’on pouvait discuter de jours fériés musulmans dans certaines régions en se référant à la Toussaint, qui n’est officiellement célébrée le 1er novembre que dans les Länder marqués par le catholicisme. En principe, les jours fériés allemands sont néanmoins portés par la tradition chrétienne, a souligné Thomas de Maizière. Le ministre a expressément précisé que ses paroles ne devaient pas être considérées comme une proposition pour l’instauration d’un jour férié musulman.

Valoriser les fêtes chrétiennes

Thomas Sternberg a expliqué que l’Etat allemand était profondément marqué par les fêtes chrétiennes: «Il en a toujours été ainsi — et nous ferons tout pour que cela continue. Tous les jours fériés officiels de notre pays, à l’exception du 1er mai et du 3 octobre (fête nationale), sont d’influence chrétienne. Naturellement, il faut aussi citer le dimanche. J’ai également signifié qu’il est de la responsabilité des chrétiens de garder ces fêtes à l’esprit et de les faire vivre.»

Dans les sociétés multireligieuses, la connaissance des autres religions est incluse dans l’éducation de base. Certains Länder, dont ceux de Berlin, de Hambourg et de Brême, ont établi dans leur législation sur les jours fériés que les élèves peuvent être exemptés de cours à l’occasion des principales fêtes musulmanes, et que les travailleurs doivent se voir offrir la possibilité d’assister à un culte ou bien une prière. A Berlin, cette règle s’applique au ramadan et à l’Aïd al-Adha. A Hambourg et à Brême, elle concerne aussi l’Achoura. Des réglementations équivalentes existent pour les fêtes juives ainsi que les fêtes chrétiennes qui ne sont pas fériées à l’échelle nationale, comme la fête de la Réforme ou bien la Toussaint. La réglementation concernant les jours fériés est en principe de la compétence des Länder.