Sans état d’âme, les protestants américains s’adonnent au «sans gluten»
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RNS/Protestinter
Tandis que le monde catholique romain digère une lettre du Vatican confirmant l’interdiction de l’Eglise pour les hosties sans gluten, les Eglises protestantes continuent à affirmer qu’il faut prendre des mesures pour que la cène ne fasse pas souffrir les intolérants au gluten.
Avec ou sans gluten – la différence est théologique.Les Eglises protestantes ne souscrivent généralement pas à la doctrine de la transsubstantiation qui conclut que lors de la sainte-cène, le pain et le vin se transforment réellement en corps et sang de Jésus. L’Eglise catholique, qui affirme la transsubstantiation, souhaite se conformer le plus possible aux éléments de la toute première cène – le pain et le vin que Jésus a mangé et bu lors de son dernier repas, selon les chrétiens.
Or les protestants considèrent que la communion est un acte symbolique et se permettent ainsi plus de liberté dans ses éléments. Le vin peut être du jus de raisin. Le pain ne doit pas nécessairement être fait de blé. «Nous avons une capacité plus pastorale pour comprendre comment les choses pourraient avec soin et respect être transformées pour répondre aux besoins pastoraux de l’assemblée», explique la révérende Susan Blain, qui fait partie de l’équipe foi et formation au siège de l’Eglise unie du Christ (UCC) à Cleveland.
Sa dénomination a adopté le pain sans gluten, avec autant de facilité que les les communautés qui ont précédé l’UCC ont adapté les coutumes de la cène pour refléter les changements culturels du XIXe siècle, explique Susan Blain. «Les Eglises protestantes sont passées pour la plupart du vin au jus de raisin dans leurs assemblées, à cause du mouvement de tempérance où le souci était que l’alcool était nuisible à la santé pour beaucoup de gens», dit-elle.
La lettre du Vatican parue le 8 juillet a réaffirmé que les hosties pour l’eucharistie doivent contenir une quantité minimale de gluten. Mais cette règle n’est pas nouvelle, c’est une réitération d’un enseignement précédent.
Un rappel, pas une doctrine nouvelle«… le pain fabriqué avec une autre matière, même s’il s’agit d’une céréale, ou le pain, auquel on a ajouté une autre matière que le froment, dans une quantité tellement importante que, selon l’opinion commune, on ne peut pas le considérer comme du pain de froment, ne constitue pas la matière valide de la célébration du sacrifice et du sacrement de l’eucharistie», dit la lettre. Et l’on précise que «les hosties totalement privées de gluten sont une matière invalide pour la célébration de l’eucharistie.» L’Eglise accepte cependant des hosties avec faible teneur en gluten.
Les ventes de produits sans gluten sont montées en flèche ces derniers cinq ans. Même les personnes qui tolèrent cette protéine, que l’on retrouve dans le blé, l’orge et le seigle, choisissent des régimes sans gluten – malgré que les bienfaits pour la santé en soient discutables. Les gens qui souffrent de maladie cœliaque— environ 1 sur 100 mondialement d’après la Fondation pour la maladie cœliaque— doivent éviter le gluten afin de prévenir des symptômes douloureux et des conséquences de santé sérieuses.
Liberté protestanteLes Eglises protestantes qui cherchent à devenir inclusives, proposent de plus en plus la sainte-cène sans gluten. «Nous n’avons aucune intention d’exclure les gens atteints de maladie cœliaque ou intolérants au gluten lors de la prise du pain et de la coupe», lit-on dans un article sur le site web de l’Eglise Méthodiste Unie. «La bonne nouvelle est qu’il y a des solutions! On trouve du pain sans gluten et des hosties qui ont un bon goût chez de plus en plus de marchands.»
Sur le site web de l’Eglise Luthérienne, le Synode du Missouri, on conseille aux luthériens: «Dans notre Eglise, nous considérons que la question des hosties sans gluten relève du domaine du jugement de chaque pasteur.»
Le site fait référence encore à plusieurs opinions théologiques qui discutent de l’acceptabilité du pain sans gluten, et il cite une étude de 1983 sur la théologie et la pratique de la sainte-cène par la Commission sur la théologie et les relations d’Eglise: «Puisque les Ecritures sont silencieuses quant à l’origine du pain, celui-ci peut être préparé à partir de farine de blé, de seigle, d’orge ou autres céréales.»
Et beaucoup d’Eglises protestantes font savoir à leurs membres et visiteurs qu’ils peuvent se sentir libres de préciser leur préférence pour le pain sans gluten. Une Eglise épiscopale de l’Iowa conseille sur son site: «Vous pouvez prendre et le pain et le vin, ou un des deux seulement. Le pain sans gluten est également sanctifié. Quand le prêtre viendra vers vous avec le pain, précisez “sans gluten”.»