La transmission au cœur du Jubilé de la Réforme
Photo: La Maison de Luther à Eisenach CC (by-sa) Robert Scarth
Eisenach (EPD/Protestinter) - Heinrich Bedford-Strohm, le président du Conseil de l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD), a salué l’évangélisation comme «une dimension tout à fait indispensable de l’Eglise et de la foi chrétienne». Indépendamment du fait que les autres aient ou non envie d’entendre le message d’un Dieu d’amour envers les hommes, «il serait irresponsable de négliger de parler de cet amour», a déclaré le pasteur dans un communiqué publié en marge d’un prêche au château de la Wartburg. Il a lancé avec ce culte en plein air la semaine de célébrations des «500 ans de la Réforme» qui s’est déroulée du 4 au 7 mai à Eisenach.
Il a admis que le terme de «Mission», «après 2’000 ans de chrétienté, n’a pour bien des gens plus une connotation positive». Beaucoup l’associeraient «avant toute chose à l’intolérance, la prétention d’absolu, la conversion forcée et même à une grande violence». «Des actes terribles ont été perpétrés au nom de l’Eglise et de la chrétienté», a reconnu Heinrich Bedford-Strohm.
Aujourd’hui, la mission signifie «de parler d’un Dieu qui aime la vie et exècre la violence, qui protège les faibles». Il en découle le fait «de redécouvrir le Christ lui-même, en association avec les autres confessions chrétiennes». Cela implique de se tenir aux côtés des pauvres, des exclus et des persécutés «et de ne jamais, au grand jamais se résigner à un monde où se pratique la violence contre l’homme et le reste de la nature», a-t-il affirmé.
A ce sujet, il a aussi fait référence à la fin de l’Evangile de Matthieu, dans la version révisée de la Bible de Luther publiée à l’automne dernier. Avec les mots «instruisez toutes les nations» au lieu de «faites de toutes les nations des disciples», on est revenu à la traduction originale de Martin Luther. Avec cette modification «des plus contestées» s'éveille aujourd’hui la crainte que cette traduction n’enlève à la signification de la mission.
Le rayonnement du messageMais c’est tout le contraire. Quiconque croit au rayonnement du message de Jésus ne doit nullement s’inquiéter de l’éventualité que l’usage du mot «instruire» puisse lui être préjudiciable. «Ce message est si fort que s’il ne trouvait pas d’écho, la faute ne pourrait en revenir qu’à nous autres, qui sommes parfois de si piètres messagers», a déclaré le président du Conseil de l’Eglise protestante d’Allemagne.
C’est avec un programme d’une large envergure qu’on célébrera à Eisenach le Jubilé de la Réforme. En plus d’une journée de la jeunesse et des familles avec de nombreuses interventions sur scène, on y invitera aussi à la discussion et au débat. En outre, des chorales venues de la ville jumelée d’Eisenach sont arrivées sur place. Le «camion de la Réforme» qui parcourt actuellement l’Europe doit également arriver sur la place du marché. Enfin, un culte œcuménique marquera la fin de la semaine de festivités.
Martin Luther (1483-1546), dont les parents étaient issus de la région, a fréquenté pendant trois ans l’école latine d’Eisenach, avant de la quitter en 1501 pour l’université d’Erfurt. A son retour de la diète de Worms, le 4 mai 1521, il a été emmené à la Wartburg sous couvert d’un enlèvement. En décembre, il y a entamé sa traduction du grec vers l’allemand du Nouveau Testament, terminée en dix semaines environ. Luther lui-même appelait Eisenach «ma ville chérie».