La campagne œcuménique dénonce les ravages de l’accaparement des terres

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

La campagne œcuménique dénonce les ravages de l’accaparement des terres

Laurence Villoz
28 février 2017
Dans les pays du Sud, de plus en plus de terrains agricoles sont vendus à des investisseurs étrangers au détriment de la population locale
Une problématique dénoncée par la campagne œcuménique 2017 qui se déroulera du 1er mars au 16 avril prochain.

Photo: Un champ de palmiers à huile © Campagne Voir et Agir

Des familles sont dépossédées de leurs terres et des villages évacués pour faire place à la monoculture. Essentiellement en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine, ce n’est «pas moins de quarante fois la surface de la Suisse qui a été cédée à d’autres Etats et à des investisseurs privés», dénonce la campagne œcuménique 2017 qui s’attaque à l’accaparement des terres. Menée par les œuvres d’entraide chrétiennes Pain pour le prochain (PPP), Action de Carême et Etre partenaires du 1er mars au 16 avril, cette action vise à sensibiliser le public au non-respect des droits de l’homme lors du rachat des terres dans les pays du Sud.

«Dans la majorité des pays du Sud, les terres ne sont pas titularisées, mais elles appartiennent aux habitants qui les cultivent, sauf qu’ils n’ont aucun document légal pour le prouver», explique Maryline Bisilliat, chargée de projet à PPP. «Ces parcelles sont rachetées essentiellement par des investisseurs étrangers souvent de façons légales, mais illégitimes, avec la complicité des gouvernements. Privilégiant la monoculture, de palmiers à huile par exemple, ces sociétés ne respectent ni l’environnement ni les droits humains». Non seulement l’accaparement des terres avec ses modes de productions agricoles engendre un déséquilibre écologique, mais porte atteinte aux populations locales.

Des villages désertés

«Quelques rares habitants deviennent travailleurs agricoles pour les sociétés, mais ce n’est de loin pas la majorité. La plupart des villageois partent dans les villes pour essayer de trouver de petits boulots, mais c’est difficile, car ce sont souvent des personnes n’ayant été que peu de temps scolarisée et que le secteur informel est saturé», ajoute Maryline Bisilliat. «Les investisseurs argumentent que les terres sont inutilisées. Ce n’est pas le cas. Certaines sont en jachère, d’autres servent de pâturage ou à la cueillette, mais cela dépasse l’entendement d’une personne qui ne connaît pas la région».

Si les trois œuvres d’entraide ont choisi de mettre en lumière cette thématique, c’est parce des banques suisses participent au développement de ce phénomène. «Nous constatons que certaines banques sont impliquées dans ce processus étant donné qu’elles soutiennent financièrement certains investisseurs dans le rachat des terres», souligne la spécialiste. Ainsi à travers cette campagne de sensibilisation et de récolte de fonds, les trois associations demandent «aux banques et sociétés financières suisses de cesser toutes transactions finançant l’accaparement des terres».

Les actions de la campagne

Plusieurs actions permettent de soutenir la campagne 2017:

- La journée des roses: le 25 mars, des roses seront vendues dans toute la Suisse, au prix de 5 francs. Une nouvelle application pour smartphone «Give a Rose» permet également d’offrir une fleur virtuelle. En 2016, 140'000 ont été vendues.

- Le pain du partage: à travers toute la Suisse, certaines boulangeries vendent des «pains du partage» majoré de 50 centimes qui sont reversés à la campagne. En 2016, 600 boulangeries ont participé à cette action.

- «Cultivez la vie»: des palettes transformées en plates-bandes, au prix de 50 à 110 francs sont également à vendre, illustrant ainsi la thématique de la campagne.

- Jeûner pendant le Carême: des groupes de jeûneurs se forment également pendant la compagne, une façon symbolique et spirituelle de soutenir l’événement. En 2016, plus de 1'200 jeûneurs ont participé à cette action.