Autorisation in extremis pour une leader yézidie distinguée à Washington

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Autorisation in extremis pour une leader yézidie distinguée à Washington

7 février 2017
Il a fallu une autorisation spéciale du département d’Etat américain pour que Vian Dakhil, une Yézidie qui se bat pour sauver sa communauté exterminée par l’Etat islamique, puisse se rendre à Washington le 8 février pour y recevoir une prestigieuse distinction.

Photo: CC (by-nc-nd) Pietro Naj-Oleari/Parlement européen

par Josephine McKenna, RNS/Protestinfo

Son plaidoyer passionné pour sauver la minorité yézidie massacrée par le groupe Etat islamique dans le nord de l’Irak avait attiré l’attention du monde entier il y a deux ans. Récipiendaire du prix Lantos pour les droits de l’homme, il a été craint jusqu’à deux jours avant la cérémonie que Vian Dakhil ne puisse pas y assister.

Bourreau et victime «au même niveau»

En cause, l’interdiction d’entrée aux Etats-Unis prononcée par Donald Trump à l’intention notamment des ressortissants irakiens. «Je ne conteste aucun président qui désire protéger son pays et son peuple. Il a le droit de restreindre l’entrée de terroristes aux Etats-Unis. Je suis simplement triste que nous, qui avons souffert de ce terrorisme à l’intérieur de l’Irak, soyons maintenant traités comme eux. Avec cette interdiction, monsieur Trump a mis le bourreau et la victime au même niveau», a-t-elle affirmé. Mais une autorisation spéciale a été délivrée on extrémis, selon Forward.com

Barack Obama touché par sa cause

Faisant fi des menaces de mort qui se sont multipliées, Vian Dakhil a travaillé sans relâche pour sauver plus de 700'000 Yézidis menacés par la campagne d’épuration ethnique de l’Etat islamique. «Particulièrement vulnérables, les Yézidis ont subi les pires violences lorsque les djihadistes ont attaqué notre village autour de la ville de Sinjar. Ils ont kidnappé et violé les femmes, tué les hommes. Plus de mille familles sont encore aux mains de ce groupe, et nous ne savons rien du sort qui leur a été réservé», a-t-elle déploré.

Son combat infatigable a poussé l’ancien président Barack Obama à autoriser les frappes aériennes et les efforts humanitaires pour porter secours à des milliers de Yézidis prisonniers de l’Etat islamique en 2014. Elle a personnellement mené les missions de sauvetage de milliers de femmes et de jeunes filles esclaves de l’organisation terroriste en Irak et en Syrie.

Une «atteinte à la sécurité de l’Amérique»

«Nous devrions tous être profondément préoccupés par le fait de devoir nous demander si une héroïne comme Dakhil, qui a risqué sa vie pour combattre les terroristes génocidaires de l’EI, pourra entrer dans notre pays pour recevoir une distinction aux pieds du Capitole», avait souligné la présidente de la Fondation Lantos Katrina Lantos Swett avant que Vian Dakhil soit autorisée à voyager. La Fondation, qui rappelle Tom Lantos, survivant de l’Holocauste et ancien membre du Congrès, avait appelé l’administration Trump afin qu’elle «annule immédiatement cet ordre contre-productif pour lequel le président a été mal conseillé».

Sa présidente a par ailleurs pressé Donald Trump de revenir sur sa décision en matière de politique d’immigration, affirmant qu’elle aurait un «effet dévastateur» sur les activistes des droits de l’homme qui coopèrent avec les Etats-Unis pour promouvoir la liberté de religion. «Cette interdiction porte atteinte à la sécurité de l’Amérique et à nos valeurs. A travers elle, nous tournons le dos aux amis et alliés dont nous avons désespérément besoin à nos côtés pour vaincre les bouchers de l’Etat islamique», a souligné Katrina Lantos Swett.

Une cause presque oubliée

Vian Dakhil s’est dite quant à elle honorée de recevoir le prix Lantos, auparavant été décerné à la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, au dalaï lama et à l’ancien président israélien Shimon Peres. «Cette récompense pourrait attirer beaucoup d’attention sur notre cause qui a quasi sombré dans l'oubli», conclut-elle.