La Norvège se distancie de son Eglise nationale

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La Norvège se distancie de son Eglise nationale

Kimberly Winston
9 janvier 2017
En Norvège, les liens entre Eglise et Etat se relachent légèrement. Désormais, l'Etat ne nommera plus le clergé.

Photo: La Cathédrale Artic, à Tromsø, en Norvège CC (by-nc-nd) Mia Battaglia

(RNS/Protestinter)

La Norvège et son Eglise nationale divorce – ou peut-être n’est-ce qu’une séparation. Le 1er janvier, le pays scandinave a rompu ses liens avec l'Eglise évangélique luthérienne de Norvège, reformulant la constitution nationale pour passer de «religion publique de l'Etat» à «l'Eglise nationale norvégienne». Le changement signifie que la nation d'un peu plus de 5 millions de personnes - dont 82% sont des luthériens - financera encore l'Eglise, mais ne nommera plus son clergé, qui sera toutefois toujours considéré comme des fonctionnaires.

Et comme la plupart des divorces, celui-ci pourrait être compliqué. La Norvège est l'une des nations les moins religieuses d’Europe. 39% des Norvégiens se disent athées ou agnostiques, selon un sondage effectué par un journal norvégien au cours de l’année 2016. Mais la Norvège a également sa propre «ceinture de la Bible», le long de sa côte sud-ouest, où se trouve la majorité de la base des deux partis démocratiques chrétiens.

Des conflits culturels?

«Un tel changement de politique pourrait déclencher par inadvertance une guerre culturelle», a déclaré à RNS Jacques Berlinerblau, professeur à l'Université de Georgetown, spécialiste de la laïcité. «Certains défenseurs de la religion en Europe pourraient désigner la Norvège comme un exemple de l'effondrement de la culture chrétienne et de la civilisation occidentale aux mains des laïques diaboliques». Le mouvement est en cours depuis 2012, lorsque le Parlement norvégien a approuvé le changement. Cela se passe au même moment que l'Allemagne et d'autres nations protestantes se préparent à marquer le 500e anniversaire de la Réforme.

La sécularisation est en hausse en Europe de l’Ouest depuis les années 1960, avec non seulement une diminution de la fréquentation des églises, mais aussi des lois strictes sur les manifestations religieuses publiques, comme en France. Toutefois, la dernière décennie a vu la montée de groupes anti-laïques en Angleterre, en Allemagne et en France.

En attendant, certains Norvégiens trouvent que la rupture n’est pas assez franche. Kristin Mile, la secrétaire générale de l’Association humaniste de Norvège, a déclaré au média norvégien en ligne «The Local No» que le changement ne fait qu’embrouiller les relations entre l’Eglise et l’Etat. «Tant que la constitution dit que l'Eglise de Norvège est l'Eglise nationale et qu'elle doit être soutenue par l’Etat, nous avons encore une Eglise d'Etat», a-t-elle dit.