Génération flash-mob

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Génération flash-mob

27 juillet 2016
Protestinfo propose régulièrement des éditos rédigés par des membres des rédactions de Médias-pro.

Joël Burri, responsable de Protestinfo, lance un petit coup de gueule contre la remise en cause systématique des institutions.

Photo: Bonhomme de neige manifestant CC(by-nc-nd) Thien V.

«Nous ne nous sommes pas du tout sentis écoutés», à chaque «crise» dans l’Eglise, cette phrase revient. Je l’ai entendue de la part d’un représentant du Mouvement citoyen de Saint-Laurent qui soutient le pasteur ex-gréviste de la faim Daniel Fatzer. On l’a aussi entendue lors de la «crise» provoquée par la création d’un rite pour couples de même sexe au sein de la même Eglise réformée vaudoise. Les autorités ecclésiales seraient-elles sourdes à ce point? «Pas du tout», rétorque le Conseil synodal (exécutif) qui rappelle le fonctionnement parfaitement démocratique des institutions.

Et si l’Eglise – vaudoise dans le cas présent – était confrontée comme toutes les institutions au nombre croissant d’usagés qui se désintéressent ou méconnaissent le fonctionnement des structures? Que ce soit dans la vie associative, politique ou ecclésiale, les fidèles ne le sont plus tant que ça. Butinant d’une offre à l’autre, ils ne s’engagent ni sur la durée ni dans des fonctions. En cas de désaccord, on organisera la résistance grâce à Facebook, une flash-mob ou une opération symbolique qui saura séduire les médias.

Caricature? Que reste-t-il de l’importante mobilisation contre le rite pour couples homosexuels? Des élections ecclésiales avaient pourtant lieu quelques mois après la levée de boucliers. Ces milliers de personnes qui ont signé des pétitions se sont-elles fait élire dans les conseils de paroisse et les délégations synodales? Visiblement pas, vu la facilité avec lequel tous les membres du Conseil synodal qui se représentaient ont été réélus.

Finalement, la seule trace qui reste de la «crise» des bénédictions gay est la création de l’association R3 qui, hors synode, conteste la légitimité des institutions et revendique une prise de décision par consensus.

Les institutions sont comme un jeu de cartes, apprendre les règles est contraignant. Cela demande un certain engagement. Pourtant personne ne s’imagine débarquer dans un match de Jass et revendiquer un changement des règles. On pourrait, bien entendu, espérer un fonctionnement en Eglise moins réglementé. Mais je crois que tant qu’il y aura des différends, appliquer les mêmes règles pour tous reste la meilleure solution pour assurer un traitement équitable.

Ce qui est triste, c’est que la génération Flash-mob n’obtient finalement pas grand-chose. C’est vrai au niveau politique et ça l’est de toute évidence aussi au niveau ecclésial. Le pouvoir est finalement entre les mains de ceux qui connaissent les possibilités d’expression que leur offrent les institutions qui régissent la vie en société.

Pensez-y la prochaine fois que l’on vous proposera de voter ou que l’on vous signalera qu’il manque de candidats pour un poste. Se désintéresser d’une élection puis contester la légitimité des élus n’est pas fair-play.