Attentats de Paris: unis dans l’émotion, pas encore par un slogan

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Attentats de Paris: unis dans l’émotion, pas encore par un slogan

Laurence Villoz
17 novembre 2015
Directement après les attentats de vendredi dernier, à Paris, des messages de solidarité ont envahi les réseaux sociaux: «Pray for Paris», «Je suis Paris» ou encore «Peace for Paris»
S’ils constituent tous des témoignages de soutien face aux événements, ces slogans révèlent différentes sensibilités. Décryptage avec Philippe Gonzalez, sociologue des religions à l’Université de Lausanne.

Photo: CC (by-nc-nd) Loic Lagarde

«Le slogan «Pray for Paris» (Priez pour Paris) est essentiellement utilisé par des institutions religieuses ou des personnes qui ont un lien avec la religion. C’est un mode d’identification aux événements permettant de les ressaisir sous une activité religieuse: la prière», explique Philippe Gonzalez, sociologue des religions à l’Université de Lausanne. Depuis les attentats de vendredi dernier à Paris, de nombreux messages de solidarité ont apparu sur les réseaux sociaux.

«Les personnes qui ne peuvent pas consoner avec l’activité de prier vont choisir un autre slogan pour manifester leur solidarité». Si le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a choisi «Pray for Paris» pour illustrer sa page Facebook, les Editions du Seuil ont publié le symbole de la paix avec la tour Eiffel accompagné du poème «Paris» de Louis Aragon.

«Le slogan «Pray for Paris» n’est pas aussi large que ce qu’on pourrait penser. Le vocabulaire de la prière n’est pas couramment utilisé en français alors qu’en anglais il fait partie du discours public. D’ailleurs, aux Etats-Unis, tous les discours politiques se terminent par «Dieu, bénissez l’Amérique», souligne Philippe Gonzalez. «Actuellement, les messages de solidarité pour les attentas de vendredi ne se sont pas encore stabilisés sur les réseaux sociaux, contrairement au «Je suis Charlie» qui très rapidement avait fait l’unanimité. Les slogans créés jusqu’à maintenant ne sont pas encore assez larges et entrainent des problèmes d’identification pour certaines communautés».